Catégories: Actu des associations


La Tunisie, terre d’accueil et de migration

Par Satouri Ilhem,

Mercredi dernier, le Centre d’Information et Education au Développement (CIES) et l’INTES ont organisé une journée d’étude réunissant des représentants associatifs et universitaires afin de réfléchir ensemble sur la question des migrations humaines et proposer des pistes de réflexion permettant de mieux appréhender ce phénomène.

Depuis quelques années, les contours d’un nouveau contexte de migration ont commencé à se dessiner en Tunisie. Longtemps considérée comme un pays d’immigration, la Tunisie se retrouve actuellement au cœur d’une dynamique communautaire marquée par une inversion considérable des flux migratoires. Peu à peu, cette réorientation des flux a engendré la transformation de ce pays en une des premières destinations des migrants, en particulier ceux originaires de l’Afrique subsaharienne.

Face à une politique nationale « insuffisante » en matière de migration, les organisations de la société civile déploient beaucoup d’efforts pour favoriser la construction et la mise en place de mécanismes plus efficaces et structurés en matière de défense des droits des migrants en Tunisie. Tel est le contexte dans lequel s’inscrit la journée d’étude, portant sur le thème « Migration, vulnérabilité et inclusion : Dynamiques institutionnelles et logiques des acteurs », qui s’est ténue mercredi 03 avril 2019 à Tunis.

Cette journée a été organisée par le Centre d’Information et Education au Développement (CIES), l’Union Tunisienne de Solidarité Sociale (UTSS), l’Université La Sapienza de Rome et l’Institut National du Travail et des Etudes Sociales (INTES). Elle s’inscrit dans la suite des activités menées dans le cadre du projet PINSEC « Jeunes, femmes et migrants : Parcours d’Inclusion Sociale et Economique en Tunisie », cofinancé par l’Agence Italienne pour la Coopération au Développement (AICS).

La rencontre avait pour objectif de réunir des représentants associatifs et universitaires afin de réfléchir ensemble sur la question des migrations humaines et proposer des pistes de réflexion permettant de mieux appréhender ce phénomène.

Le premier cycle de la journée d’études s’est ouvert par une séance inaugurale assurée par Fathi Rekik, Professeur HDR de sociologie à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université de Sfax, intitulée « Migrations et vulnérabilités ». Dans son discours, M. Rekik a tenu à signaler la distinction entre la migration classique et celle de nos jours. Selon lui, il convient de parler, aujourd’hui, de mobilité plutôt que de migration tant « les trajectoires sont individualisés, discontinus, imprévus et donc non contrôlables ». Pour lui, ces nombreux déplacements ont pour causes principales les guerres, les impasses politiques et les changements idéologiques enclenchés «  dans différentes régions chaudes du monde ».

La journée a été aussi l’occasion de présenter les résultats de travaux empiriques consacrés aux problématiques traitant la migration.

Dans son étude, Ali Belhaj, expert international en gouvernance de la migration, s’est penché sur la catégorie des migrations de retour « non volontaire » ou « forcé » du phénomène migratoire. Cette étude, qui s’est focalisée sur le contexte tunisien, a permis d’identifier le profil de cette catégorie de migrants « expulsés ». Les chiffres montrent qu’il s’agit généralement d’un individu de sexe masculin, jeune (59% ont moins de 40 ans), faiblement instruit et provenant majoritairement d’un quartier modeste. Par ailleurs, M. Belhaj a attiré l’attention sur la vulnérabilité de cette population dont la réinsertion ne semble pas, selon lui, constituer une priorité publique. « La négligence et l’ignorance ne peuvent que renforcer un penchant marginaliste dont les retombées sociales seraient désastreuses », a-t-il conclut.

Dans les deux interventions suivantes, il a été choisi de mettre l’accent sur les migrations subsahariennes. Chokri Arfa, de l’Institut National de Travail et des Etudes Sociales (INTES), a exposé l’enquête « santé et recours aux soins des migrants en Tunisie ». Les résultats soulignent certains freins à l’accès aux soins auxquels sont confrontés les migrants tels que les barrières linguistiques, la stigmatisation et le manque d’information sur le système de santé. Lassaad Laabidi a ensuite présenté son travail sur les conditions de vie des immigrés provenant de l’Afrique subsaharienne et occupant des emplois informels en Tunisie. Selon lui, face à un code de travail perçu comme restreint et rigide, les migrants sont confrontés à plusieurs formes de maltraitance et d’exploitation. « Il s’agit d’un code qui n’a pas été révisé pour répondre aux nouvelles conditions du marché de travail tunisien et aux nouvelles exigences économiques du pays » a-t-il expliqué.

Enfin, Giovanni Cordova, de l’université La Sapienza de Rome, a clôturé la journée avec une étude développée au sein du projet PINSEC et focalisée sur le patrimoine culturel des migrants subsahariens présents en Tunisie.

Dans une dernière partie, les présentations des intervenants ont été enrichies par des échanges-débats auxquels les participants et partenaires associatifs ont été invités à participer.

  Répertoriées sous: Actu des associations, Actualités
  Commentaires: Aucun


De la parole aux actes pour lutter contre la violence envers les femmes

Par Satouri Ilhem,

Une coalition réunissant plus de 60 associations locales, nationales et internationales s’est formée, en 2015, pour revendiquer leur part de changement en défendant une loi contre la violence faite aux femmes. Le même réseau dénonce, un an après l’adoption de cette loi, le manque de volonté politique et de moyens concrets pour éradiquer ce fléau.

Mercredi 26 juillet 2017, la Tunisie a tourné une nouvelle page de son histoire. Longtemps réclamé et défendu par les militants et les organisations de la société civile, un texte « historique » garant des droits des femmes a été adopté par le Parlement tunisien. Concrètement, la loi votée met en place des mécanismes permettant de protéger les femmes et filles contre toutes les formes de discrimination et de violence, notamment à travers des mesures incluant prévention, protection et prise en charge des victimes. Néanmoins, et malgré les avancées significatives enregistrées, plusieurs défis demeurent reliés à l’application de cette loi sur le plan pratique.

Dans ce contexte, et pour pallier aux lacunes en matière de lutte contre le phénomène de violence fondée sur le genre, d’importants efforts ont été déployés par les acteurs de la société civile. En vue de conduire un plaidoyer pour le changement, des réseaux associatifs se sont formés et se sont mobilisés sous différentes formes. Dans la même optique, une soixantaine d’associations locales, nationales et internationales se sont réunies au sein de « la Coalition Nationale Associative contre les Violences » (CNAV) pour s’attaquer aux violences faites aux femmes. La CNAV vient en réponse au constat partagé, dressé par les partenaires la composant, des insuffisances que révèle cette loi.

Les activistes et organisations de la CNAV, militant depuis 2015 pour l’adoption de la loi, ont pu se positionner comme force de proposition. Ce réseau se dote d’un comité de pilotage constitué de l’ATFD, la LTDH, l’AFTURD, Beity, la LET, WAAI, La FIDH, Euromed Droits, et est coordonné par Oxfam. Riche des organisations impliquées qui la composent, la Coalition a entamé un travail de réflexion pour développer une stratégie concertée permettant de suivre la mise en œuvre effective de la législation à l’échelle nationale comme à l’échelle locale. Dans la poursuite de cet objectif, la CNAV a lancé un projet intitulé « Une loi qui nous protège réellement contre les violences » appuyé par la Coopération Espagnole pour le Développement (AECID).

En marge des manifestations marquant la célébration de la journée mondiale des droits de la femme, la CNAV a tenu, le 05 mars 2019 à Tunis, la conférence de clôture du projet « Une loi qui nous protège réellement contre les violences ». Ce dernier vise à promouvoir la mise en œuvre et le respect de la loi organique n°2017-58 sur l’élimination de la violence faite aux femmes aussi bien au niveau national, que régional et local. Lors de la conférence de presse, une présentation du bilan du projet a été réalisée. Devant les participants, la CNAV a dressé un bilan inquiétant de la mise en application et le système de suivi de cette loi, un an après sa publication. Les conférenciers dénoncent, à cet égard, le manque de volonté politique de la part de l’Etat pour rendre effective la mise en application de la loi n°2017-58. Dans la partie qui suit, la Coalition a présenté un rapport indiquant les résultats des activités menées dans le cadre de ce projet, notamment dans les régions. Le rapport exposé a relevé le besoin d’améliorer la coordination entre la société civile et les acteurs institutionnels concernés par la loi. Une interrogation a également été portée sur l’absence d’un budget alloué à l’application de la loi 58.

Notons que l’adoption de la loi organique n°58-2017 n’est qu’une étape d’un long parcours. Malgré les avancées accomplies en termes de lutte contre les discriminations basées sur le genre, la question de l’égalité demeure un chantier entamé mais encore largement inachevé en Tunisie.

  Répertoriées sous: Actu des associations, Actualités
  Commentaires: Aucun


DJ Workshop for Girls | La Fabrique X Future Female Sounds

Par Trabelsi Emna,

In the occasion of the international women’s day la fabrique in partnership with Future Female Sounds organized a one-week DJ workshop for women in Tunisia.

12 Tunisian participants had the chance to take part of an intensive DJ course including Intro to Djing,Learning how to mix music, preparing and practicing a live performance and Self-promotion.

DJ Workshop for Girls is the first Academy encouraging women to enter to the Djing labor in the Mena region.

Yet, this is not a first for Future Female Sounds which is a non-profit organization and a social enterprise promoting young female musical talent, based in Copenhagen, Denmark. Future Female Sounds functions as a talent incubator highlighting female DJs, through DJ workshops, cultural management masterclasses, and  preparing them to work with sounds in the future.

La fabrique – Coworking  Studio is a program launched by the association Notre Culture D’abord to promote young musicians and support their musical creation. It is a coworking space dedicated to musicians for rehearsals and live recording. The DJ Workshop for la fabrique is not a first as well initiating three Djing sessions in the last year with tunisian female DJs.

The Academy lasted for a week and was closed March the 8th 2019 by a party where the participants performed a 10 minutes sets celebrating the international women’s day with 10 rising female DJs giving a fresh and a new feminist perception to this labor.

 

  Répertoriées sous: Actu des associations
  Commentaires: Aucun


Réforme de la loi relative aux associations : une menace sur la liberté associative ?

Par Satouri Ilhem,

L’élaboration d’un nouveau cadre juridique régissant les associations en Tunisie a engagé la réflexion de nombreux acteurs. Dans ce cadre, un colloque s’est tenu sur cette question. Ce colloque se veut l’occasion de relancer le débat sur la réforme du décret-loi n°88-2011 qui garantit la liberté de constituer des associations, d’y adhérer et d’y exercer des activités.

 

Depuis la révolution, les initiatives de la société civile tunisienne jouissent d’une liberté sans précédent. Cette liberté s’est particulièrement illustrée par le nombre des associations qui a connu un véritable boom. Selon les statistiques du centre IFEDA pour le mois de février 2019, on en compte aujourd’hui plus de 22.000 associations réparties sur les 24 gouvernorats et intervenant dans tous les domaines : la protection des droits humains, la jeunesse, le genre, la citoyenneté, l’environnement, la culture etc.

La multiplication du nombre d’associations créées et de leurs adhérents s’explique aussi par la publication du décret-loi n°88 du 24 septembre 2011 promulgué pour rompre avec la législation répressive de l’ancien régime. Ce texte de loi, qui garantit la liberté des associations et leur autonomie, a autorisé la constitution d’une société civile dynamique et engagée.

En dépit de ses acquis indéniables, la loi régissant les associations n’a pas été à l’abri des critiques tout au long de son parcours. Face à ces critiques, une demande de révision du décret-loi n°88-2011 a été lancée. Afin de soutenir cette demande, un projet de loi est actuellement en cours d’examen. Cependant, ce changement représente un véritable sujet d’inquiétude pour certains acteurs de la société civile préoccupés par les éventuelles mesures de restrictions qui pourraient être imposées à l’action associative.

Cette réforme a été l’objet du colloque qui s’est tenu les 21 et 22 février à la faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis autour du thème « le droit des associations en question(s) ». Ce colloque, organisé par le Département du droit public de la FSJPST, l’association pour la recherche sur la transition démocratique (ARTD) et l’association tunisienne des sciences administratives (ATSA) avec le soutien de la fondation Hanns Seidel, s’inscrit dans le cadre du débat sur le projet de loi portant organisation des associations.  

Lors de la première journée du colloque, l’accent a été mis sur le cadre juridique et financier qui réglemente la liberté des associations. La rencontre s’est déroulée en présence de plusieurs professeurs, chercheurs et acteurs de la société civile. Les intervenants n’ont pas manqué de fournir des propositions d’amélioration du cadre juridique et légal régissant la création d’associations en Tunisie.

Dans son rapport introductif, M. Slim Laghmani, professeur à la faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis a souligné l’importance du décret-loi n°88-2011. Il a affirmé que « le décret-loi portant organisation des associations représente l’un des principaux acquis de la révolution ». « D’où la méfiance légitime qu’éprouvent la plupart des acteurs associatifs envers ce projet de loi » continue-t-il. De son côté Mme Hafidha Chekir, professeur à la faculté de droit et de science politique de Tunis a recommandé qu’au lieu de réformer le décret-loi existant, il faut veiller à respecter ses dispositions. Les recommandations des intervenants ont porté également sur la révision du système de sanctions et l’harmonisation des dispositions législatives aux normes internationales.

En conclusion des présentations, un débat a été ouvert laissant la place aux questions et aux échanges. Différents participants ont appelé au maintien de la législation existante craignant les restrictions qui peuvent être apportées à l’exercice de cette liberté sous prétexte de lutte antiterroriste et de répression du blanchiment d’argent. Pour le directeur du centre Al-Kawakibi pour les transitions démocratiques, Amine Ghali, présent à l’événement, « l’amendement du décret-loi n°88-2011 vise à réduire l’espace civique et à contrôler les associations. De son côté, Zied Boussen, consultant juridique, a jugé cette réforme « inutile » et « portant atteinte à la liberté des associations ».

 

Consultez le policy brief

  Répertoriées sous: Actu des associations, Actualités
  Commentaires: Aucun


Recommandations de la société civile tunisienne aux acteurs de la sphère électorale

Par Satouri Ilhem,

Six organisations de la société civile tunisienne ont proposé, dans un document conjoint, une série de recommandations destinée aux acteurs politiques et associatifs pour assurer le bon déroulement des prochaines élections législatives et présidentielles.

 

Dans un contexte de transition politique, un cycle électoral constitue un moment déterminant pour l’avenir d’un pays. Dans le cas tunisien, lors des différentes élections de l’après-révolution, les acteurs indépendants des organisations de la société civile se sont mobilisés et ont redoublé de vigilance et d’effort pour garantir la tenue d’élections libres, transparentes et  inclusives.

Dans cette perspective, et pour plus d’efficacité, un groupe de six organisations s’était constitué en réseau et a commencé, en juillet 2017, à collaborer pour relever les défis qui se posent à l’observation électorale. Il s’agit du Centre Tunisien Méditerranéen (TU-MED), Coalition Ofiya, IWatch, Jeunesse sans frontière (JSF), Mourakiboun et Observatoire Chahed.

Pour surveiller le déroulement des élections municipales de 2018, les six partenaires ont déployé plus de 3,500 observateurs dans l’ensemble du pays. « Nous nous sommes engagés à mener une observation objective et impartiale des élections municipales en Tunisie. Par la présence et la discipline de nos observateurs, nous cherchons à faire face au comportement négatif tout en renforçant la confiance des citoyens tunisiens dans les élections », déclare la synergie. Ayant pu couvrir les différents aspects du processus électoral, ces groupes ont constaté une série de lacunes et obstacles lors de l’exercice du droit au vote.

Compte tenu des observations notées, ces organisations ont pu élaborer, à l’issue de divers échanges, un ensemble de recommandations prioritaires se fondant en particulier sur les lacunes et failles constatées. Tout en restant neutre dans le jeu politique, la série de recommandations a été détaillée dans un rapport conjoint daté du 29 janvier 2019. A travers l’élaboration de ce document, les six organisations souhaitent interpeller l’attention des partis politiques, de la société civile et des différents acteurs impliqués dans le processus électoral en vue de contribuer à l’amélioration des prochains scrutins. “Nous cherchons à travailler de manière ouverte et constructive avec les institutions impliquées dans la conception et la gestion du processus électoral : l’ISIE, l’ARP, la HAICA, la Cour des comptes et le Tribunal administratif, entre autres”, indique le rapport.

Parmi les recommandations figurent l’amplification de la sensibilisation électorale, la mise en place d’une sélection inclusive des candidats et la mise à jour des renseignements relatifs aux électeurs. Le groupe appelle, également, à adopter une approche participative pour améliorer les modalités d’interaction entre l’ISIE et la société civile. Il est, aussi, recommandé de réexaminer le texte de la loi électorale afin de clarifier davantage les définitions floues.

 

Pour consulter la liste complète des recommandations (Egalement disponible en Arabe et en Anglais) :

  Répertoriées sous: Actu des associations, Actualités, Astuces/Conseils
  Commentaires: Aucun


Commémoration du 173ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage en Tunisie

Par Satouri Ilhem,

La journée nationale de commémoration de l’abolition de l’esclavage s’est tenue mardi dernier, 23 janvier 2019, en Tunisie. Diverses manifestations ont eu lieu pour célébrer cette date qui marque un tournant important dans l’histoire de ce pays.

 

C’était il y a 173 ans !

Certes, l’épisode de la traite des personnes et l’esclavage est loin d’être un incident anecdotique. Vieil de plusieurs siècle, ce phénomène ne se limite pas à une civilisation, ni à un espace géographique. C’est aussi une tragédie présente tout au long de l’histoire humaine. Cette tragédie a affecté la vie de plusieurs millions d’êtres humains qui furent arrachés à leur terre, privés de leurs familles et séparés de leurs proches.

En Tunisie, l’histoire de l’esclavage est un sujet qui prend une résonance particulière d’autant que ce pays fut le premier, dans le monde Arabe, à l’avoir aboli définitivement. C’était il y a 173 ans, qu’Ahmed Bey 1er a décidé de tourner la page de cette pratique abominable via un décret beylical promulgué en date du 23 janvier 1846. Le souverain modernisateur a procédé à une avolition progressive en ordonnant, dès 1841, la fermeture du Souk d’El Berka, où se vendaient les esclaves, puis en annonçant que tout individu né dans la régence de Tunis était libre peu importe l’origine de ses parents.

 

Le 23 janvier, une fête révolutionnaire

Depuis des années, les militants tunisiens des droits de l’Homme tentent de faire de cette date historique du 23 janvier 1846, officiellement, une fête nationale annuelle. Cette journée, désignée pour commémorer la traite et son abolition, vise à honorer le souvenir des esclaves inconnus qui ont participé à la construction de cette nation. Au-delà d’être un simple rappel du passé, cette date serait aussi l’occasion d’engager une réflexion approfondie sur la question de l’esclavage, crime reconnu comme l’une des pires atteintes aux droits de l’Homme et sa dignité.

Cette année marque le 173ème anniversaire de l’abolition de l’esclavage en Tunisie. A cette occasion, plusieurs organisations de la société civile se sont mobilisées pour le célébrer.

 

Un colloque international consacré à la lutte contre la traite des êtres humains

Dans le cadre des activités célébrant l’abolition de l’esclavage en Tunisie, un colloque international intitulé “Traite des personnes en Tunisie : Etats des lieux et mécanisme national de référencement” s’est tenu mardi, 23 janvier 2019, à Tunis. Le colloque a été organisé par l’Instance Nationale de Lutte contre la Traite des Personnes (INLTP) en collaboration et avec l’appui du Conseil  de l’Europe, l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), Avocats Sans Frontières (ASF), le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme (HCDC) et l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC). Cette rencontre a réuni plusieurs experts, professionnels du droit, associations locales et organisations internationales.
La session d’ouverture a été marquée par la présentation du rapport annuel de l’INLTP. Ensuite, les participants ont eu l’opportunité de partager leurs expériences et bonnes pratiques en matière de lutte contre cette violation des droits humains. Le colloque a été également l’occasion de renforcer les discussions entre les différents acteurs impliqués qui ont pu réfléchir en commun autour de la mise en place du mécanisme national de référencement. En marge de ce colloque, s’est tenue, mercredi 24 janvier 2019, une tente d’information et de sensibilisation a été installée à l’avenue Habib Bourguiba, à Tunis. Au menu, plusieurs panels portant sur des questions relatives à la traite des êtres humains et une foire aux initiatives.h

 

La Tunisie demeure, à ce jour, l’un des premiers pays à avoir banni ce phénomène qui continue aujourd’hui, dans certaines sociétés, devançant en cela la France de deux ans. Et depuis mardi dernier, 22 janvier 2019, cette date symbolique est inscrite dans notre calendrier national.

  Répertoriées sous: Actu des associations, Actualités
  Commentaires: Aucun


Le projet « Bladi » voit le jour

Par Satouri Ilhem,

AMIDEAST, Shanti et Jamaity lancent un nouvel appel à manifestations d’intérêt dans le cadre du projet « Bladi – Building Local Associations for Development and Innovation » pour soutenir les organisations de la société civile tunisienne ciblant les communautés locales marginalisées et vulnérables à l’extrémisme.

Lire la suite

  Répertoriées sous: Actu des associations, Actualités
  Commentaires: 1


En Tunisie : Les OSC se mobilisent pour dénoncer la violence faite aux femmes

Par Satouri Ilhem,

La Tunisie participe à la 28e édition de la campagne internationale « 16 jours d’activisme contre la violence faite aux femmes » qui se qui se déroule chaque année du 25 novembre (journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes) au 10 décembre (journée internationale des droits de l’Homme).

 

Dans le monde, selon un rapport publié par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), une femme sur trois [1] est victime de violence physique ou sexuelle. Cette étude, en plus de révéler le nombre de femmes victimes de violence à l’échelle mondiale, évoque aussi les conséquences délétères de cette violence chez les femmes qui la subissent.

Le rapport de l’OMS, en se basant sur l’analyse de données provenant de plus de 80 pays, met en évidence l’ampleur épidémique de ce problème. Il s’agit bien là d’une pandémie universelle qui s’applique à tous les pays et qui n’épargne aucune culture, aucune communauté. De ce fait, il est essentiel d’envisager à recourir à des stratégies centrées sur l’humain pour mettre fin à la violence faite aux femmes.

Dans ce contexte de lutte contre cette violation des droits humains, la sensibilisation devient dès lors une forme de mobilisation qui constitue un enjeu principal dont certains activistes semblent avoir parfaitement conscience. Mais alors que des campagnes et des mouvements en faveur d’un changement sont pilotés partout dans le monde, ces derniers demeurent peu valorisés et méritent plus de lumière et de soutien.

Dans le contexte tunisien, comme partout ailleurs, les femmes n’échappent pas non plus à ces statistiques. Saisis par une perspective post-révolutionnaire et unis autour de l’idée que la violence à l’encontre des femmes n’est jamais seulement une affaire privée, les défenseurs des droits humains ont réclamé l’élaboration d’une loi intégrale relative à l’élimination de cette violence sexiste. Toutefois, malgré l’adoption de la loi organique n°2017-58 l’an passé, les femmes et les filles sont encore victimes de violences basées sur le genre. C’est pourquoi, l’implication des organisations de la société civile pour la prévention et l’élimination de ce fléau mondial est plus que jamais nécessaire.

En vue d’appuyer activement la campagne internationale « 16 jours d’activisme contre la violence faite aux femmes », Jamaity reconnaît l’engagement continu et les efforts déployés par les différents acteurs de la société civile tunisienne et s’est donnée comme mission d’encourager et de valoriser leurs initiatives, notamment à travers sa plateforme en ligne, pour prévenir et mettre fin à la violence à l’égard des femmes. Cette campagne, qui se déroule chaque année du 25 novembre au 10 décembre, vise à mobiliser l’opinion publique à la question de la violence basée sur le genre et à sensibiliser davantage le grand public à l’ampleur de ce problème. La mobilisation internationale des 16 jours, c’est aussi l’occasion de rappeler que cette forme de violence est encore et toujours d’actualité.

Pendant cette période, plusieurs associations, experts et activistes se sont mobilisés, à Tunis et dans les régions, pour dénoncer la violence faite aux femmes.

Dans ce contexte, la Friedrich-Ebert-Stiftung Tunisie a organisé la campagne « Matoskotch Makech Wahdek » en partenariat avec l’Association Tunisienne des Femmes Démocrates (ATFD) et l’Association Internationale des Etudiants en Sciences Economiques et Sociales (AIESEC). L’objectif principal de cette initiative est de former une communauté engagée dans la lutte contre le harcèlement sexuel dans les transports en commun et d’inciter les victimes et témoins de harcèlement à en parler. La campagne « Matoskotch Makech Wahdek » a été marquée par le lancement d’une application mobile « Yeszina » (téléchargeable via ce lien https://play.google.com/store/apps/details…) qui offre aux contributeurs la possibilité de signaler les actes de harcèlement dont ils sont victimes ou témoins. A travers cette application, l’utilisateur peut émettre une alerte et poster un témoignage, anonymement, tout en précisant la localisation et le type d’agression.

Une autre campagne a été lancée par l’Association des Femmes Tunisiennes pour la Recherche sur le Développement (AFTURD) en partenariat avec des associations relais dans les régions. Différents ateliers et activités ont été au programme :

Parmi les activités, des séances de vulgarisation de la loi 58-2017 ont été animées au profit des femmes, des enfants et des jeunes par l’Association Tunisienne de la Santé de la Reproduction au Kef. Des ateliers de dessin et de théâtre ont été organisés avec les élèves de l’école primaire El-Hkim à Jendouba par l’Association de Développement et d’Encadrement des Jeunes et de l’Enfance (ADEJE). Une visite à la prison civile du Kef, en présence de psychologues et juristes, a été prévue par l’Association Hrayer El Kef. Des séances d’information, d’éducation et de sensibilisation ont été organisées par l’Association Femmes de Tabarka avec les femmes de la région. Les membres de l’Association Génération Anti-Marginalisation (GAM) ont proposé aux femmes dans le quartier d’El Kabbaria des cours de self-defense. L’association Sharekna a offert aux habitants de la cité Ettadhamen un espace d’échange et de discussion lors d’un coffee-talk organisé, en présence de sociologues, dans le complexe des jeunes du quartier. Des tentes de sensibilisations ont été installées dans les espaces publics dans des quartiers populaires de la capitale. Des projections de films et courts métrages, des débats et des workshops ont également été au programme.

Rappelons que la violence faite aux femmes n’est « jamais acceptable, jamais excusable, jamais tolérable »[2]. Tout le monde doit agir pour y mettre fin.

[1] World Health Organization. « Global and regional estimates of violence against women: prevalence and health effects of intimate partner violence and non-partner sexual violence». Geneva, Switzerland: WHO, 2013.

[2] « Secretary-General says violence against women never acceptable, never excusable, never tolerable, as he launches global campaign on issue ». New York, United Nations Department of Public Information, News and Media Division, 2008 (SG/SM/11437 WOM/1665).

  Répertoriées sous: Actu des associations, Actualités
  Commentaires: Aucun


حملة ميدانية واسعة بمناسبة 16 يوم من النشاط لمناهضة العنف ضد المرأة

Par Trabelsi Emna,

 تمّ يوم 25 نوفمبر اطلاق حملة 16 يوم من النشاط لمناهضة العنف ضد المرأة والتي تمتد الى يوم 10 ديسمبر من كل سنة. في كل عام يقع اختيار موضوع يعنى بالقضاء على العنف ضد المرأة.
التعريف بالقانون الأساسي عدد 58 المتعلق بالقضاء على العنف ضد المرأة والتحسيس بأهميته هو موضوع السنة في تونس.

في هذا الإطار، اطلقت جمعية النساء التونسيات للبحث حول التنمية حملة ميدانية واسعة للتعريف بهذا القانون  والتحسيس بمدى أهميته .

تشمل هذه الحملة ولايات الكاف وسليانة وجندوبة وتونس الكبرى. وقد تمت برمجة أكثر من 30 نشاط في هذه الحملة بالشراكة مع 7 جمعيات محلية: جمعية جيل ضد التهميش بحي التضامن وجمعية شاركنا وجمعية وفاق برقو بسليانة وجمعية حراير الكاف والجمعية التونسية للصحة الإنجابية بالكاف والجمعية التنموية للإحاطة بالشباب والطفولة وجمعية نساء طبرقة بالكاف.

هذا وقد انطلقت الحملة يوم 17 ديسمبر وتمتد حتى يوم 20 ديسمبر بمختلف الولايات المذكورة. 

تجدون البرنامج المفصل في الصورة أدناه:

  Répertoriées sous: Actu des associations
  Commentaires: Aucun


قانون القضاء على العنف ضد المرأة بين النص والتطبيق

Par Trabelsi Emna,

أكثر من 10 أشهر مرت على دخول القانون الأساسي عدد 58 لسنة 2017 المتعلق بالقضاء على العنف ضد المرأة  حيز النفاذ والذي “يهدف إلى وضع التدابير الكفيلة بالقضاء على كل أشكال العنف ضد المرأة القائم على أساس التمييز بين الجنسين من أجل تحقيق المساواة واحترام الكرامة الإنسانية، وذلك بإتباع مقاربة شاملة تقوم على التصدي لمختلف أشكاله بالوقاية وتتبع مرتكبيه ومعاقبتهم وحماية الضحايا والتعهد بهم” حسب الفصل الأول من الأحكام العامة لهذا القانون.

ومنذ المصادقة على القانون حرصت مختلف أطراف المجتمع المدني  على متابعة مدى تطبيق هذا القانون على أرض الواقع وبالتحديد التحالف الوطني الجمعياتي ضد العنف. وهو تحالف يضم أكثر من 60 جمعية محلية وطنية ودولية ومنذ تكوينه لعب دورا حاسما في تبني القانون عن طريق تقديم ورقة سياسية مقدمة كوثيقة مرجعية لنواب الشعب وعن طريق حملات مناصرة التي قامت بها مختلف الأطراف المنخرطة فيه داخل وخارج المجلس.

اليوم، يقوم التحالف بمتابعة تطبيق القانون الأساسي عدد 58 على مستوى وطني ومحلي ليكون بذلك “قانون يحمي من العنف بالحق”.

في هذا الإطار وبمناسبة اطلاق حملة 16 يوم من النشاط لمناهضة العنف ضد المرأة، نظم التحالف الوطني يوم 30 نوفمبر 2018 ندوة وطنية حول متابعة مدى تطبيق القانون الأساسي عدد 58 لسنة 2017 المؤرخ في 11 أوت 2017, المتعلق بالقضاء على العنف ضد المرأة.

في أول الندوة، تم تقديم مشروع  “قانون يحمينا من العنف بالحق” وهو مشروع أطلق بالشراكة مع الوكالة الدولية الإسبانية للتعاون الدولي والذي يجعل دور الإئتلاف لايقتصر على السعي إلى المصادقة على القانون فقط لكن يحرص على تفعيله حسب مسؤولة مشروع “عدالة النوع الإجتماعي” بمنظمة أوكسفام أمل اليعقوبي.

كما قدم المستشار لدى منظمة أوكسفام محمد مذكور حوصلة لنتائج استشارات جهوية حول مدى تطبيق القانون والتنسيق الحاصل بين الفاعلين في جهة تونس الكبرى ومدنين والقيروان وباجة على مستوى التعهد بضحايا العنف.

هذه الاستشارات نفذتها الجمعية التونسية للنساء الديمقراطيات- فرع القيروان والرابطة التونسية للدفاع على حقوق الانسان- فرع باجة ورابطة الناخبات التونسيات بمدنين وجمعية النساء التونسيات للبحث حول التنمية بتونس.إذ نظمت هذه الجمعيات ورش عمل مع السلط ومنظمات المجتمع المدني العاملة على القضاء على العنف ضد المرأة ومجموعات تركيز مع النساء ضحايا العنف والشباب نساء ورجالا. كما قامت رابطة الناخبات التونسيات بمدنين بمسح كمي. ركزت هذه الإستشارة على 5 محاور والنتائج كانت كالتالي: 

  • ضعف تنسيق وزارة المرأة والأسرة والطفولة وكبار السن مع مختلف الأطراف العاملة على تفعيل القانون؛
  • عدم وجود آليات واضحة لرعاية النساء ضحايا العنف على مستوى الوقاية والحماية القانونية والمراقبة الصحية والحماية القانونية؛
  • صعوبة توفير السكن الفوري لعدم تواجد مراكز إيواء كافية .
الحصة الثانية من الندوة خصصت لتقديم الجهود المبذولة من أجل تطبيق هذا القانون. وقد عرضت السيدة سناء
بن عاشور أعمال جمعية بيتي بالتحديد مشروع مذكرة الجمعيات من أجل تعهد جيد بالنساء ضحايا العنف التي تقدم تصورات المجتمع المدني لشروط جودة وتنسيق خدمات التعهد بالنساء ضحايا العنف. ثم عرضت رئيسة مصلحة مقاومة العنف ضد المرأة إيمان تستوري الإنجازات التي قامت بها وزارة المرأة والأسرة والطفولة وكبار السن. نذكر منها فتح 6 مراكز إيواء منذ سنة 2016 والتي إنتفع من خدماتها أكثر من 1336 إمرأة واطفال مرافقين لها. وختمت هذه الحصة عبر تقديم السيد رامي الخويلي عن صندوق الأمم المتحدة للسكان للبرنامج المشترك لتحسين خدمات التعهد بالنساء والفتيات ضحايا العنف.

في الأخير, كشفت هذه الندوة الوطنية عن مدى تظافر جهود المجتمع المدني والتنسيق الناجح للإئتلاف من أجل ضمان تطبيق فعال للقانون الأساسي عدد 58 لسنة 2017 المتعلق بالقضاء على العنف ضد المرأة وتدخل ناجع لرعاية النساء ضحايا العنف.

  Répertoriées sous: Actu des associations
  Commentaires: Aucun