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Perceptions de l’Accord de Libre Echange Complet et Approfondi (ALECA) : Etude des attentes et conséquences économiques et sociales en Tunisie

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Publié le 10-10-2018. Ajoutée le 10 February 2020


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Depuis 2014, la Tunisie et l’Union Européenne (UE) ont entamé des négociations pour établir un nouvel accord de libre-change, appelé Accord de Libre Echange Complet et Approfondi (ALECA). Cet accord est la nouvelle étape de la stratégie de libéralisation des économies de la Méditerranée, entreprise par l’Union Européenne depuis plusieurs décennies. A la fin des années 1990 et au début des années 2000, les Accords d’Association (AA), qui ont supprimé les droits de douane sur les produits industriels, ont été signés par huit pays méditerranéens . De même, les ALECA, ajouts aux AA, ont vocation à s’étendre à l’ensemble des pays méditerranéens et permettent de libéraliser le commerce des services, de l’agriculture, de réduire les barrières « nontarifaires », mais aussi de faire s’aligner les pays partenaires de l’Europe sur les normes et les modes
de fonctionnement de son économie, grâce à « l’harmonisation règlementaire ».

La volonté d’effectuer une coopération réglementaire est cruciale. En ayant le pouvoir de dicter les
normes qui doivent être adoptées pour commercer sur le marché mondial, l’Union Européenne et ses
partenaires recherchent une position de force2 . La prolifération des traités bilatéraux et régionaux, ou le projet chinois de « nouvelles routes de la soie » , sont ainsi le symptôme d’une bataille d’influence commerciale et de propagation d’un modèle économique et de société. Au-delà des échanges commerciaux, l’ALECA induit un modèle économique en Tunisie. Il impose la réduction voire la suppression des subventions et aides d’Etat, la fin de la régulation des prix, et surtout l’interpénétration des marchés, en incluant par exemple les marchés publics, qui seraient accessibles aux entreprises européennes. Après les réformes de l’ajustement structurel, c’est une nouvelle étape de libéralisation qui est demandée
.
En Tunisie, l’Europe ne voit pas un grand intérêt économique direct , mais cherche à consolider sa zone d’influence économique. Les discussions pour un ALECA ont en effet d’abord été engagées avec le Maroc et la Tunisie, ces derniers étant considérés comme les plus proches de l’Europe. En réalité, ce sont aussi les pays qui dépendent le plus de l’Union Européenne dans leurs échanges commerciaux.

C’est donc l’Europe qui est à l’initiative du projet d’ALECA avec la Tunisie. L’ALECA est un accord économique standard, qui ne prend pas en compte les spécificités des pays. Or la Tunisie fait face à des enjeux très spécifiques, que ce soit au niveau strictement économique et social ou au niveau des facteurs de productions tels les ressources humaines et naturelles. Il est ainsi nécessaire pour la Tunisie de proposer une contre-offre à l’Europe, adaptée aux enjeux du pays.




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