Fort de ces constats, le projet LEAD s’articule autour de 4 objectifs :
Depuis quelques années, on assiste au rapide développement de divers mouvements et organisations de la société civile au Maghreb dans le but de faire entendre plus efficacement les multiples voix en faveur du changement et de tirer profit des nouveaux espaces de dialogue avec le gouvernement. Les personnes en situation de handicap ont, elles aussi, l’intention de profiter des nouvelles libertés politiques et sociales afin de promouvoir les droits de cette tranche, en grande partie marginalisé, de la population. Des organisations et mouvements de personnes handicapées ont ainsi été créés ou renforcés au cours de l’année dernière au Maroc, en Algérie et en Tunisie, et sont de plus en plus actifs dans la défense de leurs droits aux niveaux local, national et international. Ces efforts portent sur le respect des principes de la Convention Relative aux Droits des Personnes Handicapées (CRDPH), qui a été ratifiée par chacun des pays, afin de garantir que les 11 millions de personnes handicapées jouissent des mêmes droits que n’importe quel autre citoyen. Son application reste cependant encore limitée.
Les politiques et programmes au profit des personnes handicapées présentent aussi un manque de cohérence et de coordination, et ne reposent pas sur une identification claire des besoins. Quant au dialogue entre les pouvoirs publics et la société civile, il s’est certes intensifié ces derniers temps (avec une amélioration significative en Tunisie depuis janvier 2011) mais les discussions sur les questions de handicap souffrent toujours d’un manque d’expertise technique et de propositions suffisamment claires pour amener un changement de politiques à l’égard des personnes handicapées.
Les mouvements pour la défense des droits des personnes handicapées dans les trois pays en sont aussi à des stades différents de développement. Au Maroc et en Algérie, ils sont assez solides et possèdent une bonne expérience en matière de dialogue avec le gouvernement, alors que le mouvement tunisien, en raison des restrictions imposées à la société civile sous Ben Ali, est beaucoup plus récent. L’ajout potentiel de la Libye, non encore formalisé à la rédaction de ces TDR, pourrait aussi changer la structuration du mouvement régional du handicap.
Le projet LEAD (Leadership and Empowerment for Action on Disability) vise donc à ce que les personnes handicapées seront formées à effectuer un plaidoyer efficace en vue d’accroître la participation sociale, économique et politique de 11 millions de personnes handicapées au Maroc, en Algérie et en Tunisie. Il vise à renforcer les capacités de la société civile à influencer les décideurs et à soutenir les défenseurs des droits des personnes handicapées, et permettra d’identifier les lacunes dans la législation et les politiques nationales et de proposer des solutions concrètes pour promouvoir la participation sociale, économique et politique des personnes handicapées.
Sur la base des résultats de la recherche, ce projet offrira des ateliers de formation en présentiel et par l’intermédiaire d’une plateforme de formation en ligne visant à former des nouveaux militants, renforcer les compétences techniques des membres des collectifs et développer des messages de plaidoyer et méthodes efficaces aux niveaux national et local. Une composante spécifique du projet visera la Tunisie, en incluant un programme de structuration et de renforcement de capacités de l’Organisation tunisienne, ainsi que de coaching et d’accompagnement et la création d’une campagne nationale axée sur les questions clés liées à l’importance de la participation politique.
Le projet prend la suite du projet Mounassara qui s’est déroulé de janvier 2010 à décembre 2012 avec le soutien de l’UE, principalement en au Maroc et en Algérie. Ces deux projets sont basés sur le même objectif : permettre aux organisations de personnes handicapées d’influer sur les politiques et dispositifs mis en place dans la région et dans chacun des pays concernés, à travers un ensemble d’actions de renforcement de capacité, de soutien aux activités de plaidoyer, de mise en réseau, etc.
Parmi les activités du projet Mounassara, les activités de recherche/formations/publications étaient nombreuses (plus de 17 publications prévues en 3 ans) et conçues principalement comme une base pour les activités de plaidoyer dans chacun des pays. La grande majorité de ces activités relevait dans le document projet de la responsabilité directe des organisations partenaires (plateforme algérienne et Collectif).
Lors des évaluations finales et intermédiaires du projet ainsi que des échanges entre partenaires, plusieurs constats positifs ont été dressés sur ce volet du projet, notamment en termes d’impact de certaines publications (ex : l’étude économique au Maroc), de processus participatif (collecte des bonnes pratiques en Algérie), de renforcement collectif de l’expertise sur un sujet donné grâce aux formations (ex : l’accessibilité en Algérie) ou de renforcement de la visibilité et de la crédibilité des OPH.
Cependant, des points de vigilance importants ont également été soulevés : lourdeur de la tâche pour les membres des OPH, manque de ressources financières, manque de fiabilité de certains résultats, manque de reconnaissance scientifique des données. Les formations ont aussi semble-t-il surtout été réalisés au niveau national des Collectifs, sans une réelle appropriation/répercussion au niveau local ni de réelle politique de suivi et d’évaluation post-formation. Il a été aussi difficile d’atteindre de nouveaux publics, notamment en dehors du mouvement du handicap, malgré la volonté du handicap.
Enfin, ces formations se sont concentrées sur un plaidoyer relativement généraliste qui doit aujourd’hui évoluer vers un plaidoyer plus technique et sectoriel, basé sur des données scientifiques et fiables, afin qu’il puisse directement évoluer vers un changement des politiques publiques et non plus une simple sensibilisation des associations et pouvoirs publics.
La présente consultance concerne la mise en place du volet de formation e-learning sur les politiques publiques d’inclusion du handicap au Maroc, en Tunisie et en Algérie. Néanmoins ce volet dépend d’un ensemble d’activités imbriquées au sein d’un dispositif régional de Recherche, de Formation et de Ressource sur le Handicap » qui sont intimement liées (choix de la thématique, pilotage global identique du dispositif de recherche/formation/action, etc.) et doivent donc être étudiés concomitamment. Le choix de la thématique régionale intervient au tout début de la planification des activités, en conditionne la suite et se retrouve directement ou indirectement dans la quasi totalité des résultats attendus et blocs d’activités du projet.
Les grands principes structurant ce dispositif s’établissent comme suit :