Domaines concernées par cet événement: Gouvernance
Les « révoltes arabes » (2010-2011) ont d’ores et déjà suscité un grand nombre d’analyses qui ont permis de rendre intelligibles des événements inattendus et d’une grande complexité. Leurs effets contrastés sur les sociétés, dans leurs dimensions multiples, font l’objet de nouvelles recherches. La diversité des trajectoires nationales post-révolutionnaires n’interdit pas de les appréhender sous le même angle des recompositions multiples que les révoltes ont entraîné, quelle qu’aient été leur dimension et l’ampleur de leurs effets concrets.
L’ambition de ce colloque, dans le contexte particulier du monde arabe après les contestations de 2010-2011, est d’analyser les recompositions relatives aux « élites » en contexte de changement ou de transformation du régime, suite à une insurrection populaire, un processus révolutionnaire ou un coup d’Etat. Selon une partie de la littérature scientifique sur les changements de régime, les élites sont des analyseurs privilégiés pour reconstituer un processus de crise politique. La littérature spécialisée sur les « révolutions » (Charles Tilly, Theda Skocpol…) en fait un indicateur clé de l’explication des changements révolutionnaires, de même que les spécialistes des transitions démocratiques ou encore la sociologie des « crises politiques » et des changements de régime.
Il s’agit tout autant de saisir ce que les élites font dans les processus critiques que ce que les crises font aux élites, si et dans quelle mesure de nouvelles élites ont émergé à la faveur de l’institutionnalisation du pluralisme, de la recomposition des positions de pouvoir et du processus électoral, du moins là où l’expérience démocratique est en voie d’institutionnalisation (panels I et II).
Comment, aussi, l’effondrement d’un régime autoritaire, même partiellement ou symboliquement reconstitué sous l’effet d’un événement intervenu au cours du processus démocratique, conduit à l’émergence de pratiques nouvelles et à l’instauration de nouvelles normes dans l’exercice de la représentation politique… ou comment le personnel politique fait l’apprentissage de la compétition politique et de la concurrence électorale (panel III).
Les « révoltes arabes » de l’hiver 2010-2011 ont fait vaciller, parfois jusqu’à l’effondrement, comme en Tunisie, les régimes autoritaires nés après les indépendances. Partout, elles ont été une épreuve pour les élites en place, incitant en particulier le personnel politique à s’ajuster voire à se convertir au jeu démocratique (panel IV). Les effets des changements sur la fonction publique, sur les diplomates et plus généralement sur l’action publique ouvrent également des pistes d’analyse fructueuses (panel V).
Une partie significative des interventions porte sur la Tunisie, mais c’est bien une approche comparée qui a été choisie, tant avec les autres pays du monde arabe qu’avec d’autres configurations nationales. La plupart des panels comprennent des interventions sur d’autres pays de la région et certaines discussions seront introduites par des non-spécialistes du monde arabe. Enfin, la table-ronde, Elites, révolution et changement de régime. Regards croisés monde arabe – Europe » (jeudi 20 octobre, 19h, à l’Institut français de Tunisie) réunira ainsi des spécialistes de la France, l’Allemagne et de l’Europe de l’Est qui débattront avec des spécialistes du monde arabe.
Traduction simultanée français-anglais et anglais-français