L’ouverture de rédactions décentralisées, comme ici dans le gouvernorat de Kébili, permet aux radios régionales de se rapprocher des préoccupations de leurs auditeurs. © Fondation Hirondelle
Après la Révolution de janvier 2011 en Tunisie, la DDC a mandaté la Fondation Hirondelle pour professionnaliser la Radio Tunisienne, la radio nationale du pays. Une de ses chaînes régionales, Radio Gafsa, a bénéficié d’un tutorat et d’un soutien financier pour devenir un organe d’information public de qualité et indépendant dans son contenu.
L’expérience est actuellement reconduite au sein de deux autres radios régionales.
Le choix de travailler avec Radio Gafsa était délibéré. Sa zone de couverture inclut les gouvernorats de Kasserine, Sidi Bouzid, Tozeur et Kébili, foyers de la contestation sociale ayant mené à la Révolution. L’idée était de relayer une information émanant de régions parmi les plus marginalisées du pays ainsi que des opinions d’habitants jusqu’alors trop peu ou jamais pris en considération.
Qualité des programmes améliorée :
Durant deux ans et demi, Radio Gafsa a bénéficié d’un important soutien, aussi bien technique que financier. La qualité des programmes, tout d’abord, a été améliorée au moyen d’interventions très concrètes: attitude au micro, choix de la musique, introduction de séances de rédaction, études d’audience, nouvelle grille des programmes, etc.
Les capacités organisationnelles de la radio ont aussi été renforcées. Radio Gafsa a ouvert cinq bureaux régionaux dotés de dix journalistes-correspondants, lui permettant d’accroître sa présence sur le terrain.
Organisés en réseau, les correspondants couvrent au quotidien l’actualité locale pour l’ensemble des neuf chaînes de la Radio Tunisienne, desservant un total de 1,5 million d’auditeurs à l’échelle nationale.
Signe des progrès accomplis, les résultats d’audience de Radio Gafsa ont pris l’ascenseur. Autrefois considérée comme un simple haut-parleur du régime, la chaîne est aujourd’hui devenue un diffuseur crédible et fiable.
Respect de la déontologie :
Cela passe aussi par le strict respect de la déontologie des médias. Les experts de la Fondation Hirondelle ont, dans cet esprit, multiplié les tutorats proposés aux journalistes. Les séances de rédaction nouvellement créées ont permis des échanges au quotidien entre collègues.
Ces derniers discutent du contenu de leurs reportages et s’adressent des mises en garde mutuelles, limitant le risque de plaintes déposées.
Extension du partenariat :
Les réformes engagées au sein de la radio inspirent actuellement un travail semblable auprès de deux autres chaînes régionales de la Radio Tunisienne: Radio Kef (nord-ouest) et Radio Tataouine (sud-est).
Les deux stations sont elles aussi rapidement devenues les radios les plus écoutées dans leurs régions, à la faveur d’une autre dizaine de correspondants déployés sur le terrain. Ces derniers ont contribué à la couverture des élections législatives d’octobre 2014 avec de très nombreux reportages et un professionnalisme salué loin à la ronde.
A ce jour, près de 250 collaborateurs tunisiens, toutes radios et tous métiers confondus, ont bénéficié des formations continues proposées par la Fondation Hirondelle.
Les deux dernières chaînes régionales de la Radio Tunisienne en profiteront également dans un proche avenir.
En parallèle, la DDC entretient un dialogue continu avec les dirigeants de la radio nationale afin de pérenniser les changements introduits.
Il est par exemple prévu qu’à terme la Radio Tunisienne prenne en charge les salaires de tous les correspondants recrutés et formés par la Fondation Hirondelle.