Favoriser l’intégration sociale des enfants sans soutien familial et répondre aux besoins fondamentaux de l’enfant. Dans la pratique éducative, on reconnaît trois besoins fondamentaux au cours de l’enfance :
La famille, constitue le premier milieu de socialisation de l’enfant. La relation de l’enfant avec ses parents et avec sa fratrie joue donc un rôle important dans sa socialisation. La figure d’attachement qu’est généralement la mère agit comme une base de sécurité (c’est l’attachement secure) lui permettant l’exploration du monde physique et social. La présence de cette figure peut permettre à l’enfant de faire des allers-retours entre ce qu’il considère comme sûr et ce qui est inconnu et ainsi acquérir d’autres expériences indispensables à son bon développement.
Dans le cas d’enfants sans soutien familial, il est encore plus important d’apporter une attention particulière à leurs besoins. En effet, lorsque l’enfant est abandonné, le placement en milieu spécialisé s’accompagne la plupart du temps de traumatismes souvent irréversibles pour l’enfant. Et plus les traumatismes sont importants, plus son avenir est hypothéqué et son adoption retardée ou empêchée. C’est pour cela que l’institution doit placer ou faire adopter l’enfant le plus rapidement possible pour qu’il puisse s’attacher à une figure maternelle stable.
A long terme, en répondant aux besoins fondamentaux de l’enfant, on facilitera leur insertion sociale lorsqu’ils seront devenus des adolescents puis des adultes.
Les indicateurs objectivement vérifiables sont :
D’ici la fin du projet le nombre d’enfants repris définitivement par la famille biologique ou placés en famille d’accueil, en kafala ou en adoption augmente de :
dans un délai ne dépassant pas 6 mois après le placement à l’INPE.
Améliorer la qualité et l’efficacité de la prise en charge des enfants sans soutien familial à l’INPE. Un enfant sans soutien familial n’est pas condamné dans son développement car l’attachement secure peut être assuré par l’institution. Cependant, pour y parvenir, une bonne formation des professionnels de l’établissement est indispensable. C’est pourquoi, il est important de renforcer les capacités des personnes qui interviennent au sein de l’INPE. Pour cela, 3 axes de travail complémentaires ont été retenus :
Les indicateurs objectivement vérifiables sont :
Le projet individualisé est le projet de vie de l’enfant. Celui-ci doit faire l’objet d’un accompagnement singulier correspondant à ses besoins, à ses capacités et à son évolution. Cet accompagnement doit être non seulement porté par les professionnels au quotidien mais construit et soutenu par l’institution elle même. Le projet individualisé constitue donc un outil de travail pour des équipes de professionnels soucieuses de s’adapter à la problématique de chacun des enfants. Le projet nécessite une lecture plurielle des pratiques afin de constituer un facteur d’autonomisation du sujet et non pas son aliénation au désir des professionnels. La prise en charge pluridisciplinaire réunissant des compétences diverses (médicale, psychologique, éducative et sociale) est le meilleur moyen d’aborder toute la complexité de la prise en charge d’un enfant en institution. Pour un soignant, l’apprentissage du travail à travers une équipe pluridisciplinaire nécessite qu’il se sente engagé et qu’il s’implique non seulement vis à vis de l’enfant, mais vis à vis des autres soignants. Le « collectif soignant » est une manière de travail sur soi qui s’appuie sur des dynamiques de groupes particulièrement efficaces.
Pour cela, nous mettrons en œuvre les activités suivantes :
Les indicateurs objectivement vérifiables sont :
Il s’agira d’organiser des sessions de formation pour les professionnels de l’INPE sur le processus de développement et d’humanisation du jeune enfant, la séparation et les retrouvailles, les questions de l’abandon et de l’adoption dans ce développement et les pratiques professionnelles qu’ils peuvent mettre en œuvre pour assurer la contenance de l’enfant. La fonction de contenance de l’institution est en effet essentielle : c’est l’enjeu pour les soignants de pouvoir accueillir, contenir et métaboliser les émotions, les affects désorganisés ressentis par les enfants en souffrance, de les verbaliser et de leur donner sens pour leur restituer sous une forme assimilable par eux. Ce n’est que lorsque l’enfant aura éprouvé au sein de l’institution cette capacité de contenir ses affects et émotions qu’il pourra commencer à se constituer un espace psychique propre et à organiser sa vie émotionnelle. Cette expérience positive peut être une zone d’arrimage, il pourra partir à la découverte du monde extérieur, de nouvelles expériences et connaître un développement dont les carences seront limitées.
Pour cela, nous mettrons en œuvre les activités suivantes :
Les indicateurs objectivement vérifiables sont :
En Tunisie, l’enfant sans soutien familial a le droit à son nom de famille. Cet élément de la loi augmente le nombre d’intervenants sur un cas et complexifie le traitement du dossier de l’enfant. Les enfants sans soutien familial dépendent du ministère de l’Intérieur et sont placés sous la tutelle de l’INPE et du MASSTE. Dans les cas de retrait de garde, le ministère de la Justice est aussi impliqué. Quant aux pouponnières, en plus des acteurs institutionnels habituellement liés aux dossiers, elles sont sous la tutelle de l’INPE. L’intérêt de la mise en réseau est donc de favoriser le travail en commun des partenaires de la protection de l’enfance qui œuvrent tous à l’amélioration de la situation de l’enfant. Ce sera l’occasion pour tous ces acteurs d’échanger sur leurs pratiques et de se coordonner. Ce travail aura un impact sur la prise en charge des enfants puisqu’il réduira leur temps en institution et accélèrera leur adoption ou leur placement en famille.
Pour cela, nous mettrons en œuvre les activités suivantes :
Les indicateurs objectivement vérifiables :
Les groupes cibles de l’Action sont l’équipe de professionnels de l’INPE soit 275 salariés répartis en 10 corps de métier : puéricultrices, éducateurs, psychologues, kinésithérapeutes, ergothérapeutes, nutritionnistes, orthophonistes, infirmiers, médecins et administratifs.
Les Bénéficiaires sont les enfants de 0 à 6 anspris en charge dans cette institution, soit une file active d’environ 484 enfants vulnérables par an, dont 50 en situation de handicap physique et mental.
Les 484 mères célibataires composent un groupe de bénéficiaires indirectes de cette action, ainsi que 290 familles d’accueil et 125 familles adoptantes par an.
Les effets multiplicateurs : la formation en cascade permettra de toucher progressivement tous les professionnels de l’INPE grâce au pool de référents qui au sein de l’institution auront pour mission de transmettre leurs connaissances au reste des équipes. Ce rôle perdurera au-delà de cette Action. Grâce à leur formation, les professionnels de l’INPE auront moins de difficultés à conceptualiser leurs expériences et leurs savoirs. Ils seront alors capables de remplir leur mission de définition de la politique nationale de prévention et de prise en charge de l’abandon. Dans ce cadre, la capitalisation et le colloque en fin de projet permettront de diffuser l’information au-delà de l’INPE. Enfin, les pouponnières associatives, dont l’institut est chargé de la formation des directrices et du personnel, bénéficieront sur le long terme de l’amélioration du niveau de formation des professionnels de l’INPE.
Le Secteur et ses enjeux, contexte du projet :
La Tunisie est un pays qui a une législation avancée par rapport aux autres pays musulmans en matière du statut personnel de la femme et de l’adoption. Cependant, les traditions persistent dans un rejet social des relations sexuelles « hors mariage » et de l’accueil dans leurs propres familles des enfants nés de mères célibataires. Jusque là, ces enfants étaient abandonnés par leur mère, dès leur naissance, et rapidement adoptés par des familles tunisiennes. Mais face à la recrudescence des abandons d’enfants, qui représentent 700 à 800 enfants chaque année, l’Etat tunisien a promulgué en 1998 une loi cherchant à responsabiliser les pères. Depuis, l’abandon des enfants par leurs mères ne peut plus être systématique mais doit être précédé d’une recherche en paternité, souvent assortie de tests génétiques. Le délai légal avant adoption a ainsi été augmenté de fait.
En Tunisie, il existe deux formes d’adoption : l’adoption plénière telle qu’elle se pratique en France et la kafala qui est une délégation d’autorité parentale et qui cesse donc à la majorité de l’enfant. Dans l’attente de ces adoptions, les enfants sont placés temporairement soit en institution, soit dans des familles d’accueil. Pour les enfants dont l’adoption est rendue difficile, du fait de leur couleur de peau ou de situations de handicap, ces placements sont souvent définitifs. L’INPE est responsable de ces placements familiaux.
Les enfants abandonnés à la maternité sont généralement recueillis par l’INPE. Ainsi, cet institut accueille aujourd’hui 484 enfants par an, soit plus des 2 tiers des enfants abandonnés en Tunisie, le dernier tiers étant pris en charge par les pouponnières associatives réparties sur tout le territoire national. Le nombre d’enfant à prendre en charge étant trop important par rapport à la capacité d’accueil de l’INPE, l’Etat Tunisien a favorisé le développement de ces pouponnières associatives.
La prise en charge des nourrissons sans soutien familial est délicate. Elle comporte des exigences techniques (hygiènes, asepsie) mais également psychologiques. En effet, outre les aléas d’une grossesse difficile, douloureuse, refusée ou cachée, outre la souffrance initiale de l’abandon, le bébé d’homme n’est pas fait pour se développer et se construire en collectivité. Ainsi, les enfants accueillis en institutions présentent des carences affectives graves qui peuvent se traduire par des signes d’ « hospitalisme » et des handicaps souvent rédhibitoires pour leur adoption, si on ne leur offre pas des soins et un contexte affectif appropriés. Cela se manifeste notamment par des peurs et des troubles du sommeil, du langage, de la motricité, des troubles liés à l’acquisition de la propreté, de l’apprentissage préscolaire, des règles de vie sociale et de bonne conduite ainsi qu’une absence de repères dans le schéma familial, dans le temps ou l’espace. C’est un défi de chaque instant pour les soignants qui s’occupent de lui pour le maintenir en bonne santé et pour lui offrir une relation individuelle privilégiée par laquelle il va pouvoir s’humaniser, retrouver l’élan vital suffisant pour s’ouvrir au monde et aux autres. Cette humanisation passe nécessairement par une prise en charge pluridisciplinaire selon les besoins individuels du nourrisson et du petit enfant de moins de 6 ans.
Tous ces problèmes limitent la qualité de la prise en charge de l’enfant et ont un impact sur le devenir de l’enfant qu’il soit le maintien du placement, son retour auprès de sa famille biologique, ou un départ en adoption.
Pertinence de la proposition au regard de la situation locale et des besoins : Pour résoudre ces problèmes nous proposons de :
Dépenses | ||||
Rubriques | Année 1 | Année 2 | Année 3 | Globale |
Coûts directs | ||||
Investissement immobilier | ||||
Investissement technique et mobilier | 2 692 | 10 000 | 500 | 13 192 |
Transferts financiers | ||||
Fournitures et consommables | 1 800 | 1 800 | 1 800 | 5 400 |
Fonctionnement | 10 200 | 10 200 | 10 200 | 30 600 |
Conception et études ou expertises du nord | ||||
Etudes ou expertises du sud | ||||
Personnels expatriés | ||||
Personnel local | 24 000 | 24 000 | 24 000 | 72 000 |
Formation | 17 950 | 17 950 | 23 950 | 59 850 |
Services extérieurs à l’ONG | 15 140 | 15 140 | ||
Mission de courte durée | 29 900 | 23 920 | 11 960 | 65 780 |
Appui, suivi et contrôle | 21 970 | 3 890 | 3 890 | 29 750 |
Autres | ||||
Divers et imprévus | 5 426 | 4 588 | 4 572 | 14 586 |
Sous-Total 1 | 113 938 | 96 348 | 96 012 | 306 298 |
Frais administratifs ou de structure | 11 394 | 9 635 | 9 601 | 30 630 |
Sous-Total 2 | 11 394 | 9 635 | 9 601 | 30 630 |
TOTAL GENERAL (Sous-totaux 1+2) | 125 332 | 105 983 | 105 613 | 336 928 |
Recettes | ||||
Rubriques | Année 1 | Année 2 | Année 3 | Globale |
ADF – DPO | 62 666 | 52 991 | 52 807 | 168 464 |
Conseil Général 13 | 30 000 | 30 000 | 30 000 | 90 000 |
Fondation Air France | 20 000 | 20 000 | 10 000 | 50 000 |
Fondation copid pour l’enfance | 10 000 | 0 | 0 | 10 000 |
AMADE | 0 | 0 | 10 000 | 10 000 |
Santé Sud | 2 666 | 2 992 | 2 806 | 8 464 |
TOTAL GENERAL | 125332 | 105 983 | 105 613 | 336 928 |
Santé Sud est une ONG de solidarité internationale spécialisée dans l’élaboration et la mise en œuvre de programmes de développement durable de la santé. Elle a 25 ans d’expérience d’ingénierie de projet en partenariat avec des acteurs dans 26 pays du Sud. Depuis plus de 20 ans, elle soutient des actions menées par des associations tunisiennes et les pouvoirs publics dans le secteur de l’enfance en difficulté (handicaps physique et mental, enfance abandonnée). Riche de cette expérience, elle est aujourd’hui reconnue dans les milieux professionnels nationaux et internationaux comme un partenaire privilégié que l’on peut solliciter sur l’enfance abandonnée et handicapée en Tunisie. Enfin, Santé Sud a déjà une expérience de travail avec l’INPE depuis 1999 et avec les pouponnières associatives depuis 1994.
Pilotage du projet :
Coordination en France : Santé Sudpeut compter, d’une part, sur l’expertise de ses 300 intervenants associatifs médicaux et médico-sociaux et, d’autre part, sur le professionnalisme de son équipe salariée au siège constituée de 11 experts spécialistes en ingénierie de projets de développement, en gestion/comptabilité, en recherche de fonds et en communication.
Equipe locale : l’organisation du pilotage et de la coordination entre l’INPE et Santé Sud se fera grâce au recrutement d’un chargé de mission psychologue et d’une secrétaire comptable sur le projet et grâce à l’appui de la Coordination de Santé Sud à Tunis.
En outre, un comité de pilotage INPE- Santé Sud se réunira tous les semestres, alternativement à Tunis et à Marseille, pour donner l’impulsion stratégique à la conduite du projet. Il réunira, outre le chargé de mission, la directrice de l’INPE, le Référent Technique et le Responsable de Programmes de Santé Sud.
Méthodologie choisie : La stratégie de l’Action est basée sur les différents éléments suivants :
1) Le concept de projet individualisé pluridisciplinaire et la mutualisation des expériences ;
2) La technologie appropriée de transfert de compétences : la démarche de formation et d’accompagnement ;
3) L’accompagnement du changement des pratiques
Supervision du projet :