De nombreuses associations tunisiennes à but non lucratif souffrent de problèmes de financement et sont menacées de fermeture, tel est le cas du centre d’aide et d’écoute des toxicomanes sis à Tina relevant du gouvernorat de Sfax.
Dans une déclaration accordée à Africanmanager, Dr Abdelmadjid Zahaf, président du centre d’aide et d’écoute des toxicomanes a affirmé que « le centre d’aide et d’écoute des toxicomanes relevant de l’Association Tunisienne de Prévention de la Toxicomanie (ATUPRET) de Sfax est menacé de fermeture à cause de problèmes financiers et du manque de moyens humains ».
Selon lui, le gouvernement tunisien ne soutient plus comme il se doit le centre, alors mêmes que ses ressources proviennent essentiellement du Fonds mondial de la lutte contre le SIDA. « Depuis l’année 2007, le Fonds mondial de la lutte contre le SIDA, nous accorde 600 mille dinars par an. Cependant, depuis deux ans, nous ne bénéficions que de 10% de cette contribution financière ; nous sommes actuellement aux prises avec une crise financière, nous ne pouvons plus assurer le bon fonctionnement du centre, ni payer les salaires des personnels », a-t-il affirmé.
Sur un autre volet, le président de l’association a ajouté avoir contacté, à maintes reprise, les différents ministères concernés par cette affaire (le ministère de la Santé, des Affaires sociales, de l’Intérieur…), sans recevoir de réponse concrète. « Depuis la révolution, nous avons bénéficié d’une seule aide de la part du ministère de la Santé, de l’ordre de 80 mille dinars et de 15 mille autres de la part du ministère des Affaires sociales, et jusqu’à présent nous n’avons reçu aucune aide », a-t-il dit.
Il a, en outre, déclaré que « faute de moyens, chaque patient est appelé à payer 300 dt/ mois pour assurer son traitement, son logement… Il y a aussi des patients français qui visitent notre centre à Sfax pour des soins et traitement , affirmant que le centre d’aide et d’écoute demeure l’unique centre en Afrique et en Tunisie ayant pour mission principale la désintoxication, la réhabilitation et la réintégration socioprofessionnelle des consommateurs de la drogue par voie intraveineuse. « Il est doté de 70 lits et son fonctionnement nécessite un budget de l’ordre de 800 mille dinars », a-t-il ajouté.
Des milliers de personnes incarcérées ne sont pas traités pour toxicomanie
Abdelmadjid Zahaf a indiqué que des milliers de personnes incarcérées dans des affaires de drogue ne bénéficient pas de traitements pour toxicomanie.Selon lui, c’est dangereux non seulement pour la personne en question mais aussi pour la société civile. Le centre d’aide et d’écoute demeure un endroit indispensable pour assurer la réhabilitation et la réintégration socioprofessionnelle des consommateurs de stupéfiants, a-t-il affirmé.
Selon des études récemment élaborées en Tunisie, 55% des jeunes entre 15 et 19 ans consomment de la drogue de manière inquiétante. La consommation de la drogue en Tunisie a sensiblement augmenté après la révolution de 2011, et environ 30.000 jeunes dans la seule capitale Tunis prennent de la drogue par voie intraveineuse.
Nadia Ben Tamansourt