30 ماي 2019 Il y a 5 ans
Dans le cadre du projet RECOLTEHA, « Renforcement des capacités des organisations de la société civile pour mieux lutter contre la traite des êtres humains en Afrique », financé par l’Union européenne, France terre d’asile et ses partenaires Terre d’Asile Tunisie, SOS Exclusion et Association Donner Pour Sauver, oeuvrent au renforcement des capacités des OSC pour sensibiliser et informer sur le phénomène de la traite en Côte d’Ivoire, au Sénégal et en Tunisie, et améliorer l’assistance des victimes identifiées en Tunisie. Le quatrième volet du projet porte sur le renforcement des capacités des journalistes, dont le rôle d’information et de sensibilisation est crucial.
Ces dernières décennies ont vu les flux migratoires évoluer en Afrique. Dans chaque pays, les migrations sont de plus en plus mixtes (migrations de savoir, de travail, migrations pour des raisons familiales, exil temporaire ou permanent) et les profils des pays ont changé, chacun devenant à la fois des pays d’émigration, d’immigration et de transit, sur un continent plus que jamais marqué par la mobilité. La Tunisie, longtemps considérée comme un pays de départ vers l’Europe, devient un pays d’accueil ou de transit pour de plus en plus d’immigrants subsahariens, dont certains pour une installation durable. La Côte d’Ivoire et le Sénégal, dont la croissance attire depuis longtemps les travailleurs de la sous-région, sont aussi des pays de transit et de départ vers le Maghreb puis l’Europe.
Paradoxalement, malgré ce désir croissant de mobilité, traverser les frontières devient de plus en plus difficile et dangereux pour les candidats à la migration. Pour franchir les barrières légales et financières qui les séparent de leur objectif, les migrants prennent des risques croissants, parfois entraînés par des réseaux criminels profitant de leurs vulnérabilités et de leurs rêves pour les extorquer ou les exploiter, dans les pires conditions. Ils sont les premières victimes de l’esclavage moderne.
Depuis 2016, le trafic illicite de migrants et la traite des êtres humains sont des crimes reconnus en Tunisie, au Sénégal et en Côte d’Ivoire, à travers l’adoption de lois et la mise en place d’institutions visant à prévenir ce fléau, pénaliser les coupables, et protéger les victimes, dans une démarche partenariale entre l’Etat, les Nations Unies et les OSC pour lutter contre la traite. Si dans les trois pays, la traite est en grande partie interne – elle touche notamment les enfants, victimes de servitude
domestique ou de mendicité forcée – elle est aussi de plus en plus transnationale. En Tunisie, près de 400 victimes de traite dont une majorité de ressortissantes ivoiriennes ont été recensées par l’Instance Nationale de Lutte Contre la Traite pour la seule année 2018. En Côte d’Ivoire et au Sénégal, la traite touche aussi des étrangers, qui étaient en quête d’une vie meilleure.
Pouvant toucher toutes les franges de la société, le phénomène de la traite soulève des questions sociales complexes et parfois taboues: les perceptions du travail des enfants, des droits des travailleurs étrangers, des rapports de classe ou de castes, le manque d’accès à une information juste sur les possibilités de migration régulière et sur les réalités de la migration irrégulière, la perception d’un manque de perspectives socio-économiques et les pressions familiales ou communautaires. Le crime profite à la fois de la vulnérabilité des victimes, manipulées par des fausses promesses, et de l’impunité des employeurs ou des passeurs, qui sont rares à être dénoncés ou poursuivis.
Le rôle des médias est primordial pour soulever ces questions auprès du grand public, amener la société à réfléchir aux causes qui sous-tendent la traite et le trafic d’êtres humains, à comprendre pourquoi et comment cela fonctionne. En informant le grand public, les journalistes oeuvrent à la fois à prévenir le recrutement de potentielles victimes, alertées des arnaques possibles, à prévenir les
potentiels employeurs et passeurs des risques qu’ils encourent, et à mobiliser les acteurs institutionnels et la société civile pour qu’ils se saisissent de ces questions, tant pour participer à la sensibilisation, assister les victimes et poursuivre les coupables.
Cependant, la traite des êtres humains est une notion juridique complexe, tout comme différents concepts liés à la migration :
migrants, demandeurs d’asile, réfugiés, victimes de traite, victimes de trafic, que recouvrent toutes ces terminologies, et comment bien les utiliser pour informer le public ?
Quelles sont les réalités de la traite en Tunisie, en Côte d’Ivoire et au Sénégal, comment en parler avec justesse, comment accéder à l’information puisque les victimes sont cachées, enfermées evulnérables ?
Comment informer sur les modes opératoires des trafiquants, alors qu’il s’agit de réseaux criminels dangereux ?
Pour répondre à ces questions, France terre d’asile et ses partenaires organisent un programme de renforcement dédié aux journalistes des différents médias, dans les trois pays.
Etape 1 : Formation interactive et pratique de 5 jours : « Comprendre et faire comprendre la migration et la traite des êtres humains : concepts et enjeux de leur traitement médiatique»
Du lundi 10 au vendredi 14 juin 2019
Programme de soutien aux productions journalistiques sur la traite des êtres humains transnationale
Juillet-Novembre 2019
À l’issue de la formation, un appel à projet sera ouvert aux journalistes participants, visant à encourager les journalistes ayant participé à proposer un sujet de production couvrant un aspect de la traite des êtres humains transnationale dans leur pays. À travers un formulaire de candidature détaillé, ils seront invités à développer une note d’intention pour un reportage vidéo, radio, écrit ou web, tout en proposant un budget indicatif.
À travers un fond dédié, France terre d’asile pourra soutenir financièrement au minimum deux projets dont une production vidéo minimum, avec une enveloppe de 3 000 euros. L’équipe et le jury se réserve le droit d’attribuer les budgets à davantage de projets en fonction des propositions reçues.
Un jury composé d’experts journalistes, associatifs et de bailleurs de fonds se réunira pour sélectionner les meilleurs projets. Les journalistes sélectionnés se verront accompagnés tout au long de leur projet par l’expert formateur, à distance et à travers le déplacement de l’expert pour une journée de travail, avant le dépôt de la production finale.
Rencontres-débats : « Rencontre-débats avec les acteurs institutionnels, associatifs et communautaires de la lutte contre la traite et de la protection des victimes : état des lieux national et témoignages »
3 rencontres en Septembre 2019
Pour cette deuxième étape, trois rencontres-débats seront organisées autour de la question de la migration et de la traite des êtres humains. Elles permettront aux journalistes d’approfondir leurs connaissances du sujet au niveau national, à travers les témoignages et les analyses des acteurs de première ligne : les acteurs institutionnels, organisationnels, associatifs et communautaires de la lutte
contre la traite et de la protection des victimes. Ces rencontres leur permettront d’identifier des contacts officiels et de terrain qu’ils pourraient approcher dans le cadre de potentielles productions journalistiques sur la migration et la traite.
Les 3 rencontres prendront des formes différentes et interactives, à définir et porteront sur des thèmes différents. A titre d’exemple : petit déjeuner-débat ; soirée-débat (par ex. autour d’un film documentaire) ; table ronde ; conférence de presse ; « Speed dating » entre les journalistes et les acteurs pour des interviews.
Soirées de projections-débats dans les trois pays
A Tunis le jeudi 28 novembre (journée de l’abolition de l’esclavage le 2 décembre)
Pour mettre la lumière sur les productions réalisées par les journalistes soutenus par le programme et sensibiliser le grand public sur la traite des êtres humains transnationale, des soirées de projection-débat seront organisées en décembre dans les trois pays.
En présence du formateur, des journalistes lauréats et des médias, des acteurs de la migration et de la traite, et du grand public, cette projection sera suivie d’un débat et d’un buffet. Elle constituera aussi une soirée de clôture du cycle de renforcement de capacités et de mise en réseau des acteurs.
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