15 Août 2016 Il y a 8 ans
De nombreuses tentatives politiques ont été entreprises, depuis 1989, en vue de faire progresser le projet d’intégration maghrébine. La stratégie d’intégration du Maghreb, adoptée à Ras Lanuf en Libye en 1991, projetait la mise en place d’un marché maghrébin commun à l’horizon 2006. Plus de 20 ans après, force est de constater que cette stratégie d’intégration est un échec cuisant des gouvernants et les peuples en payent le prix.
Le commerce intra-régional au Maghreb enregistre les niveaux les plus bas au monde comparativement aux autres entités régionales. Celui-ci reste inférieur à 3 %, contre 60% au sein de l’UE, 22% pour la Communauté économique des nations de l’Asie du Sud-est (ASEAN) et 20% pour les pays du Marché commun des pays d’Amérique latine (MERCOSUR).
Où résident les blocages ? Les révolutions dans la région ont mis au devant de la scène politique des sujets jusqu’alors confinés à la marge du débat public. Comment lutter contre l’injustice et les disparités sociales, comment accéder au droit au travail et lutter contre le chômage, quelles mesures pour instaurer des Etats de droits, promouvoir la liberté d’expression, la liberté de circulation, la liberté d’association, de réunions, de rassemblement et de manifestations pacifiques ? Quelle stratégie conjointe face au basculement dans la violence et le terrorisme? Dans quelle mesure le conflit du Sahara occidental est-il un facteur de blocage ?
La fermeture de la frontière algéro-marocaine depuis 21 ans malgré les divers appels et autres pressions et l’extrême porosité des frontières, des zones de non droit, la détérioration de la situation socio-économique, la croissance des conflits, le déplacement forcé de populations entières ont contribué au développement de pratiques criminelles et de trafics en tous genres, d’émergence de mouvements intégristes, de corruption et de violations graves des droits de l’homme, en particulier des migrants subsahariens, avec toutes les conséquences néfastes qui en découlent non seulement sur le niveau de vie des populations, sur les relations humaines entre les peuples et les conditions socioéconomiques difficiles des citoyens qui subissent de plein fouet les effets du chômage galopant et de la précarité et le manque d’infrastructures nécessaires au développement de la région.
Par ailleurs, la course aux armements des pays de la région témoigne de la tension dans la région et n’augure rien de positif pour les peuples de la région qui aspirent à la paix, à la démocratie, à l’emploi digne, à la protection de leurs droits économiques, sociaux, culturels et environnementaux. Initialement, l’idée d’une construction maghrébine a été portée par les classes politiques et les bureaucrates des différents pays du Maghreb. Par la suite, certaines associations élitistes et académiques ont occupé le devant de la scène pour entretenir la flamme maghrébine. Récemment, on observe un certain activisme de groupes constitués par des hommes d’affaires. Dans tous les cas, et ce malgré le fait que le projet d’un Maghreb uni et pluriel soit largement partagé par l’opinion publique maghrébine dans toutes ses composantes, les sociétés civiles ont été, jusqu’ici, absentes en tant qu’actrices porteuses de ce projet. L’échec des expériences passées interpelle et appelle la société civile à relancer le projet et à se doter d’une vision alternative crédible et populaire.
Il faut rappeler que le contexte actuel de la mondialisation a jusqu’ici favorisé une orientation destinée à renforcer une insertion mondiale verticale des économies maghrébines dans le marché mondial. Ce processus est en passe de marginaliser la nécessité d’une intégration horizontale, à même d’améliorer le pouvoir de négociation de l’ensemble maghrébin et d’ouvrir de nouvelles perspectives de développement.
Le projet de l’ALECA (Accord de Libre Echange Complet et Approfondi) présenté récemment par l’Union Européenne aux pays maghrébins s’inscrit dans la même logique d’insertion mondiale verticale et risque d’aggraver la marginalisation du projet maghrébin.
L’insertion mondiale verticale non accompagnée d’une intégration régionale a contribué à accroitre le chômage, la précarité de l’emploi, les disparités régionales, les inégalités sociales et la fragilité des systèmes productifs des différents pays maghrébins, ainsi qu’à aggraver la dépendance de ces derniers vis-à-vis du capital international à différents niveaux notamment technologique, financier, commercial et alimentaire.
Les expériences de régionalisation et d’intégration horizontale semblent participer grandement à la réduction de l’impact socioéconomiques sur les sociétés, à l’atténuation des contraintes de la mondialisation et à mieux négocier celles-ci et permet un meilleur positionnement face aux opportunités qui pourraient résulter de ce processus de mondialisation.
Dans le cadre du projet intitulé : « L’intégration régionale du Maghreb : quelles alternatives populaires pour une intégration effective et durable du Maghreb?», et mis en œuvre par le Forum des Alternatives Maroc (FMAS), le Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux (FTDES) et OXFAM, nous recrutons un-e consultant-e en plaidoyer
Ce projet vise à contribuer à la prise en compte des dimensions humaine et sociale du développement dans les politiques d’intégration régionale au Maghreb pour l’amélioration des conditions de vie des populations de la région ; notamment en promouvant la participation des organisations de la société civile et des mouvements sociaux dans les espaces de débats et de dialogue entre les acteurs pertinents concernés par l’intégration régionale du Maghreb. Ainsi, les différentes activités programmées d’ici la mi 2017 dans le cadre de cette dynamique, tenteront de contribuer au renforcement des capacités des associations et des mouvements sociaux et syndicaux, afin de favoriser l’émergence d’un pôle de connaissances, d’expertises et d’influence au niveau des pays de la région qui contribuera à ériger une société civile influente et porteuse d’alternatives pouvant être traduites en politiques économiques respectueuses des dimensions humaines, sociales et culturelles.
Dans le cadre de ce projet, deux séminaires – « La Société civile et construction Maghrébine » (Maroc, février 2016) et « Les coûts du non – Maghreb » (Tunisie) – et 4 Forums thématiques régionaux qui portent sur les droits économiques sociaux, culturels et environnementaux (Tunisie, octobre 2015), les libertés publiques et la libre circulation (Tunisie), la démocratie, la paix, la sécurité et la résolution pacifique des conflits (Maroc) et femmes, égalité et parité (Maroc, avril 2016).
Enfin, le projet comprend la réalisation d’une étude de diagnostic régional sur les « coûts du non-Maghreb » et benchmark d’expériences d’intégration régionale. L’objectif de l’étude est de disposer d’une recherche scientifique identifiant les coûts socio-économiques de la non-intégration du Maghreb
Contenu et formation en plaidoyer :
18 représentant-es d’associations « champions de l’intégration » (3 d’Algérie , 3 du Maroc , 3 de Tunisie de Tunisie, 3 de Libye, 3 de Mauritanie, 3 sahraouis), travaillant sur ces priorités au Maghreb et qui souhaitent s’impliquer dans le projet participeront à deux ateliers de formation en plaidoyer, à un workshop national et à des séances de coaching leur permettant de maximiser leur pouvoir d’influence et de définir le plan d’action de leur stratégie de plaidoyer.
Partant du principe que les ateliers de planification de plaidoyer se nourriront des différentes activités de réflexion et de production d’analyses et des différents matériels qui en découlent (rapports, notes des rapporteurs des séminaires maghrébins, des déclarations, etc.) menées dans le cadre du projet global les ateliers contribueront à l’émergence d’un pôle citoyen de veille, de contrôle et d’évaluation des engagements des Etats en matière de politiques et plans d’intégration régionale prenant en compte les dimensions humaine et sociale du développement économique. Les acteurs associatifs formés seront en mesure de reproduire des cycles de formation au niveau de leurs réseaux locaux afin de dupliquer l’expérience et élargir les pôles d’expertises au sein de la société civile des différents pays.
Deux ateliers de planification du plaidoyer :
Ces ateliers auront le double objectif de renforcer les capacités en plaidoyer de 18 organisations de la société civile maghrébine et de permettre une mise en œuvre concrète de cet apprentissage via l’élaboration d’une stratégie de plaidoyer visant à influencer les décideurs-clé en vue d’une intégration maghrébine favorable aux populations de la région. Ce travail de plaidoyer doit permettre de définir la meilleure stratégie de plaidoyer commune possible. Au cours des ateliers seront abordés les différents aspects de l’influence (plaidoyer, lobby, campagnes de mobilisation, utilisation des médias y compris sociaux). Les participant-e-s sortiront de ce processus avec une stratégie en plaidoyer se basant sur des dynamiques maghrébines et un plan d’action finalisé et agréé.
Pour l’atelier i, il s’agira :
Pour l’atelier ii, il s’agira de :
Entre les ateliers i et ii, aura lieu un workshop national pratique de 3 jours. Organisé par pays, cette formation est destinée à définir et à planifier la stratégie et le plan de plaidoyer de manière pratique et participative. Ceci implique aussi la réalisation de différentes étapes nécessaires, notamment les analyses de pouvoir, la proposition des tactiques et des activités à même de contribuer à la réalisation des objectifs du plaidoyer. Les participant-e-s devront poursuivre ce travail de réflexion et de rédaction avec l’appui du consultant-e au cours de séances de coaching. Ce coaching sera réalisé entre le workshop et l’atelier ii et consistera en un suivi continu des avancés du plaidoyer, basé sur le calendrier défini lors du workshop. Le coaching favorisera une meilleure connaissance, compréhension et appropriation par les OSC des principaux cadres et plans de l’intégration régionale et permettra de suivre les avancées du processus d’élaboration du plan et de la stratégie plaidoyer.
Produits/résultats attendus:
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Offre d'emploi Publié sur Jamaity le 7 juin 2016
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