25 ديسمبر 2017 Il y a 7 ans
Fondée en 1995 par Simone Susskind et basée à Bruxelles, Actions in the Mediterranean (AIM) est une association belge qui met en œuvre des initiatives de dialogue, de résolution de conflits et de renforcement des droits humains entre les peuples, notamment entre l’Europe et les pays de la rive Sud de la Méditerranée. La première raison d’être de l’association a été la mise en place de réseaux régionaux de femmes engagées. Pour AIM, les femmes sont les actrices incontournables du changement et des processus de transition démocratique. D’où l’investissement croissant et constant d’AIM dans le renforcement des capacités des femmes et du leadership transformateur. Un autre pilier de son activité est le soutien du processus de paix et de réconciliation au Proche-Orient. Depuis quelques années, AIM promeut aussi le dialogue intra-communautaire à l’échelle locale, notamment à Bruxelles, comme le vecteur et le garant du mieux vivre et faire ensemble. Dans le même sens, depuis 2014, AIM s’investit dans le travail avec les jeunes et le dialogue intergénérationnel.
Autant dire que ce sont les valeurs humanistes telles que la liberté, la démocratie, la tolérance, le respect des peuples, la justice sociale, l’égalité femmes-hommes et le respect des droits humains, qui ont fondé et qui continuent aujourd’hui de guider l’action d’AIM.
Parallèlement à son engagement associatif, depuis 2014, Simone Susskind est Députée socialiste au Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale.
En 2011, les Tunisiennes et les Tunisiens ont décidé de changer le cours de leur destin en mettant fin à plus de 20 ans de dictature. Depuis, en dépit des obstacles, la Tunisie reste un exemple de transition vers la démocratie ; en attestent, notamment, l’intense mobilisation des femmes, des jeunes et des organisations de la société civiles dont les associations féministes et droit-de-l’hommiste, et la longue et périlleuse aventure d’élaboration de la nouvelle Constitution qui a été adoptée le 27 janvier 2014. Un bouleversement historique qui a mené le pays sur les voies de la réforme. La Tunisie fait face à d’énormes défis environnementaux, sécuritaires, politiques et socio-économiques, (fréquentes émeutes et protestations sociales). Dans ce contexte global, de lutte contre la pauvreté et de réduction des inégalités, la décentralisation représente un enjeu majeur. La Tunisie connaîtra dans les mois qui suivent les premières élections municipales démocratiques de son histoire.
Ce rendez-vous électoral historique doublé de l’obligation de la parité horizontale et verticale annonce une présence massive des femmes sur les listes. C’est dans ce contexte que s’insère la nouvelle édition du projet « Femmes Leaders de demain –Tunisie » qui vise à préparer au mieux 60 jeunes femmes, candidates aux élections municipales, à faire campagne pour être élues et être ainsi des actrices pro-actives de la vie de leur municipalité. Ce projet s’étend sur tout le territoire tunisien.
L’objectif global poursuivi par le programme « Femmes Leaders de demain-Tunisie » est de permettre à 60 jeunes femmes tunisiennes entre 20 et 40 ans qui se présenteront aux élections municipales d’acquérir et de développer le savoir et les compétences nécessaires afin d’occuper des postes de décision et d’influence au sein de la société, et particulièrement au sein des conseils municipaux.
L’objectif spécifique de ce programme prévoit d’apporter, tout au long de la campagne électorale, un accompagnement aux candidates qui se présenteront aux élections municipales. Dans ce cadre, Actions in the Mediterranean – AIM et ses partenaires proposent un cycle de formation en deux temps : d’un côté le développement personnel et le leadership, de l’autre, le renforcement et la construction des capacités politiques. Des coaches, des formateurs et des facilitateurs professionnels mettront leur expérience, leur compétence, leur savoir et savoir-faire au service de ces 60 jeunes femmes dont nous espérons que le plus grand nombre sera élu au poste de conseillère municipale. Ce programme est soutenu par le Ministère belge des Affaires étrangères, la Fédération Wallonie Bruxelles, l’Organisation internationale de la Francophonie et la Fondation des Verts hollandais.
Le présent formulaire a été rédigé dans l’objectif de sélectionner 60 jeunes femmes tunisiennes qui ont le projet de se présenter aux élections municipales. AIM et ses partenaires ont défini des critères de sélection tels que l’engagement certain[1] de se présenter aux élections municipales, la disponibilité et la profonde motivation des candidates à assister à tous les cycles de formation et l’existence d’un projet cohérent ayant un objectif réaliste et atteignable (ex. devenir un jour députée régionale ou nationale, intégrer un poste clé dans un parti politique, etc.).
IMPORTANT : Les cycles de formation sont ouverts à toutes les jeunes femmes, y compris celles qui ne sont pas membres d’un parti politique, d’un syndicat ou d’une association. AIM et ses partenaires encouragent donc toutes les jeunes femmes intéressées à déposer leur candidature.
Les langues de travail sont l’arabe et le français. Les cycles de formation auront lieu à Tunis et/ou dans les gouvernorats cités ci-dessus. Aucune participation financière n’est demandée aux participantes : seront pris en charge le logement, le transport et la nourriture.
Les parties prenantes au projet seront Actions in the Mediterranean (AIM) qui a mis en place et mené les projets pilotes « Femmes Leaders de Demain », en collaboration avec Free Sight Association, Pôle civil pour le développement durable et les Droits de l’Homme Médenine, Femmes et Leadership, CAWTAR, ENDA, Association Tunisiennes des Femmes Démocrates, Ligue des Électrices Tunisiennes, Institut Tunisien des Élus, Association Beity, Novact et le Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme et l’association de Développement et Communication Sociale ADCS.
Les activités seront mises en place dans les mois qui précèderont les élections locales prévues pour le 25 mars 2018. Elles viseront à la préparation de 60 candidates aux élections municipales et se focaliseront sur le développement personnel et la construction des capacités politiques des candidates. Les deux cycles de formation (8 jours) aborderont les thèmes suivants :
Des élues locales belges, marocaines et algériennes ainsi que, éventuellement, des élues européennes s’impliqueront dans un programme de « mentorat » avec les candidates tunisiennes.
Ce projet a été élaboré sur base de plusieurs constats effectués lors des projets pilotes « Femmes Leaders de Demain » et « Femmes Leaders de Demain Maroc – Le Relais ».
Trois points seront soulevés : la professionnalisation des candidat-e-s ; le renforcement des capacités des femmes candidates ; l’importance accordée aux régions dans un nouveau contexte de décentralisation.
Tout d’abord, notons que la Tunisie n’a connu, depuis la fin de la période coloniale, que deux présidents : Habib Bourguiba et Zine el-Abidine Ben Ali. Les dictatures successives ont empêché l’émergence d’hommes et de femmes politiques évoluant dans un paysage politique démocratique. Il apparait dès lors primordial de professionnaliser les candidates qui se lancent depuis peu en politique en renforçant leurs capacités personnelles et leurs connaissances de la « chose politique ».
Ensuite, l’accent de notre projet est mis sur les femmes pour plusieurs raisons. Le Code du Statut Personnel promulgué par Bourguiba en août 1956 est un texte particulièrement progressiste qui a permis à la Tunisie de se positionner, à l’échelle du Maghreb et du monde arabe, comme un pays résolument volontariste quant aux droits des femmes. Malgré une tradition patriarcale toujours prégnante, de véritables mouvements féministes se sont développés dans ce pays1. Cela explique pourquoi, lors des débats sur la Constitution, les femmes se sont intensément mobilisées contre la référence à la Charia d’une part et contre la notion de « complémentarité hommes-femmes » d’autre part. La forte mobilisation des femmes a ainsi permis d’intégrer dans la Constitution l’égalité hommes-femmes et de décrocher une exigence de parité horizontale et verticale obligatoires en prévision des élections municipales de 20182. De nombreuses femmes feront donc leur entrée en politique lors de ces élections, et il est absolument essentiel qu’elles se fassent une place durablement dans un monde qui reste, malgré tout, dominé par les hommes.
Enfin, nous avons constaté lors des précédentes éditions de « Femmes Leaders de Demain » que bien que la Communauté internationale investisse énormément en Tunisie, l’offre de formation qui est proposée bénéficie assez régulièrement aux personnes issues des grandes villes, d’une certaine classe sociale et/ou faisant partie de l’un ou l’autre réseau associatif/politique. C’est pourquoi, dans le cadre du présent projet, AIM ciblera prioritairement les régions défavorisées d’autant plus qu’il est question d’élections municipales.
Le programme « Femmes Leaders de Demain », piloté par AIM (2013-2015) a permis d’accompagner 20 jeunes femmes d’Algérie, du Maroc, de Tunisie et de Belgique dans l’apprentissage du leadership, de les aider à acquérir les outils nécessaires dans leur engagement au niveau politique ou social, de mieux définir les contours de leur projet socio-politique, voire même économique. Au fur et à mesure des différents modules, elles se sont approprié les attributs d’un leader capable de fédérer et de mobiliser les énergies autour d’un projet ou d’une action collective.
Avec l’aide de notre équipe de coaches européennes et maghrébins, nous nous sommes concentrés sur la fonction du leader. Les participantes ont effectué un travail important sur leur confiance en elles-mêmes et leur développement personnel ; la plupart se sont ouvertes et ont pris de l’assurance; elles se sont découvertes autrement. Elles sortent des sentiers battus et se renforcent dans l’exercice du leadership par la mise en réseau et l’échange d’expériences et d’informations entre jeunes femmes de pays différents.
Nous avons reçu récemment un message d’une de nos participantes algériennes, doctorante à l’Université d’Oran ; il nous a semblé utile de l’insérer dans ce document car il est révélateur de l’impact de notre travail et de son adéquation avec les objectifs de l’appel :
« Bonjour Simone, Je t’écris pour t’informer que je suis actuellement board member (membre de bureau) de ILGA Africa, la plus grande ONG Africaine qui milite pour les droits des personnes LGBTQI…+.
Sans le programme FLD, je ne crois pas que j’aurais eu le courage de me présenter et de me faire élire alors que c’était ma première participation. J’ai dû me battre, convaincre, et croire à mon potentiel de jeune femme leader et féministe. L’objet de cet email c’est le fait que j’arrive lors des réunions à faire passer mes visions, ne pas me laisser écraser par les hommes, soi-disant, “des militants pour l’égalité”. J’ai appris grâce à Monique et Hetty (nos deux coaches européennes) comment ne pas tomber dans le piège de la manipulation, de la culpabilisation et de l’intimidation.
Merci à AIM et merci à vous de m’avoir donné cette opportunité pour avancer dans la vie et de militer pour des thématiques taboues dans mon pays, à savoir, le féminisme et les droits LGBTQI…+ »
Les bénéficiaires seront 60 jeunes femmes, de nationalité tunisienne et âgée de 20 à 40 ans, sélectionnées à l’issue d’un processus de sélection (appel à candidature et entretien de sélection).
Dès le lancement du projet, ces 60 participantes bénéficieront, d’une formation approfondie qui leur sera dispensée par des expert-e-s dans les différents domaines qui ont été identifiés comme prioritaires.
Ces jeunes femmes seront sélectionnées après la diffusion, via nos partenaires et les réseaux sociaux, d’un appel à recrutement. Pour ce faire, des critères de sélection seront établis et la signature d’une « Charte des Valeurs » assurant l’adhésion de la candidate aux principes de la CEDAW, à la promotion d’une société ouverte, à la liberté d’expression et de contestation, à la tolérance et le respect des différences et au caractère séculier de l’espace public, sur base des valeurs de la Constitution tunisienne, sera exigée.
Les contraintes que les femmes tunisiennes rencontrent, en particulier lorsqu’elles vivent en dehors des grandes villes sont nombreuses. Elles doivent évoluer au sein d’une société marquée par le patriarcat, malgré les évolutions légales au cours de ces dernières années. De plus, l’accès aux postes de décisions au niveau politique reste compliqué. En outre, les femmes candidates à une élection interviennent dans un contexte très peu propice à l’engagement des femmes en politique. Les besoins des femmes candidates sont donc énormes: le développement de leurs compétences en vue de consolider leur confiance en elles-mêmes et leur assertivité qui leur permettront de s’imposer dans un contexte dominé par les hommes, l’acquisition de compétences liées à la chose politique, au savoir-faire et savoir être dans ce milieu particulier et de connaissances sur l’environnement légal, la gouvernance locale, le rôle d’un-e élu-e municipal-e, le fonctionnement d’une municipalité et sur l’expérience de la campagne électorale.
Notre projet est donc pertinent puisqu’il vise à répondre aux besoins des femmes tunisiennes en prenant en compte les contraintes existantes.
Les formations seront en outre interactives, ce qui assurera le côté participatif du projet. L’objectif n’est certainement pas de dispenser des cours ex-cathedra mais d’offrir des formations pratiques pour les candidates. Ces formations constitueront la base du travail qui se déroulera avant la campagne électorale pour les élections prévues en mars 2018.
Par ailleurs, un élément important de la formation sera la participation d’élues locales belges et européennes ainsi que des élus des autres pays du Maghreb qui effectueront un travail de mentorat sur place en Tunisie avec les candidates.
Si de nombreux projets visant le renforcement des capacités des femmes en Tunisie ont été mis en place ces dernières années, nous sommes convaincus que ce projet est novateur, et ce, pour trois raisons principales :
Premièrement, nous allons nous concentrer sur les femmes issues des régions défavorisées. Les révoltes du bassin minier de 2008 et la Révolution l’ont démontré : il existe dans les régions laissées à l’abandon un fort potentiel contestataire. L’urgence économique et sociale est telle qu’elle nous oblige à concentrer nos efforts dans ces zones. Nous sommes par ailleurs convaincus que les femmes sont une partie importante de la solution : en soutenant la participation politique de ces femmes, nous sommes convaincus que nous pourrons contribuer au processus de démocratisation et au développement de ces régions abandonnées. Notre projet visera aussi à renforcer des échanges utiles entre les participantes des grandes villes côtières et les participantes des régions plus éloignées.
Deuxièmement, pour permettre l’accès à la formation à toutes, nous ferons appel à des formateurs arabophones et francophones. En effet, de nombreuses formations internationales se donnent en français et limitent l’accès aux personnes qui vivent hors des grandes villes et qui ne parlent pas français ou très peu.
Troisièmement, nous avons l’intention de travailler, durant l’année qui suivra les élections, avec toutes les participantes qui auront été élues et élargir le groupe à d’autres élues.
Plus globalement, le projet visera à la promotion de l’égalité effective entre les hommes et les femmes. Egalité consacrée par la Constitution mais qui reste théorique et doit continuer à être soutenue dans la pratique. En effet, le gouvernement de Youssef Chahed formé en août 2016 ne comporte que 8 femmes sur 40 membres. Cela est révélateur de l’urgence de consolider les compétences des femmes pour leur permettre d’atteindre des postes à responsabilités.
Un reportage sera réalisé par une réalisatrice tunisienne qui documentera tout le projet. Le projet « Femmes leaders de demain – Tunisie » sera présent sur la page Facebook d’AIM et le site internet (actuellement en construction).
Les réseaux sociaux tels que Facebook et Twitter seront aussi utilisés pour couvrir le projet.
Après les élections, nous poursuivrons avec les candidates qui auront été élues dans les conseils communaux, en incluant, si nécessaire, des élues supplémentaires qui compléteront notre groupe-cible. 2018 sera une année d’expérimentation de leurs responsabilités, les élues locales tunisiennes, participantes au programme, auront l’opportunité de voyager en Belgique ou en France (pour des raisons liées à la pratique du français), pour voir sur place comment des élues locales européennes effectuent leur travail d’élues au sein des conseils communaux. A l’issue du projet, nous comptons aider au développement d’un réseau d’élues locales qui poursuivront leurs contacts et leurs échanges. D’emblée, nous visons à l’intégration de l’approche genre dans les façons de faire et de penser la politique de nos participantes.
La seconde phase (APRES les élections de mars 2018) visera l’accompagnement et le renforcement des capacités des femmes élues et de l’intégration de l’approche genre dans l’exercice de leur mandat d’élues locales. L’expérience en Europe et le projet pilote ont en effet montré qu’une fois élues, les femmes avaient besoin d’un suivi et d’un soutien complémentaires via de nouvelles formations pour assumer au mieux leurs nouvelles responsabilités.
Sur le même modèle que le projet « Femmes Leaders de Demain : Le Relais » qui a eu lieu au Maroc en 2015 et en 2016 dans le cadre des élections municipales et régionales puis législatives, les participantes tunisiennes qui auront été élues, se rendront également en Belgique durant une semaine (5 jours) afin de suivre une élue locale belge dans son travail quotidien. Cela permettra aux nouvelles élues tunisiennes de retirer les « good practices » auprès d’élues plus expérimentées en Belgique et de renforcer une meilleure connaissance mutuelle entre ces élues belges et tunisiennes. Les élues tunisiennes seront invitées à loger chez les élus belges.
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