La conférencière proposera une analyse comparative et multi-générationnelle des usages du droit et de la mobilité dite de retour des descendants d’émigrés italiens en provenance d’Amérique latine. Héritant d’un statut juridique privilégié grâce au droit du sang, qui contribue à représenter les liens de nationalité comme relevant d’une évidence naturelle, ces migrants « reviennent » en Italie en tant que nationaux. Ce cadre juridique engendre des migrations massives, qui restent cependant socialement invisibles car elles jouissent d’une légitimité juridique a priori. De ce fait, elles constituent également un angle aveugle de la recherche.
Alors que, sous l’essor de l’extrême droite, l’Europe subit un processus de racialisation, cette recherche interroge les mécanismes d’identification et de différenciation se réclamant du biologique et du culturel qui président au « retour des héritiers », tout en déconstruisant la notion même de retour. Croisant anthropologie de la parenté, anthropologie juridique et anthropologie politique autour du nœud de l’héritage (juridique, familial, biologique), il jette la lumière sur un angle aveugle des migrations et propose de repenser la fabrique de l’appartenance bien au-delà des frontières de l’Europe.
communication@irmcmaghreb.org