Tunis, 20 mai 2025 – Hôtel Golden Tulip El Mechtel. Le séminaire « Transformation numérique et gouvernance démocratique en Tunisie », organisé par Democracy Reporting International et le projet JEDI avec le soutien du ministère néerlandais des Affaires étrangères, a rassemblé des experts, des représentants du secteur public et privé et société civile ainsi que des acteurs internationaux pour explorer les défis et opportunités liés à cette transition numérique.
Face à une transformation technologique mondiale accélérée, la Tunisie se positionne à un moment crucial de son histoire,la question essentielle est celle de l’alignement de la transformation numérique sur un projet démocratique inclusif et durable,parmi les interventions marquantes, le Professeur Adel Ben Youssef a présenté une analyse démontrant que la transformation numérique en Tunisie évolue sur deux niveaux contrastés.
D’une part, le secteur privé, notamment les startups en fintech, GovTech et intelligence artificielle, adopte rapidement des technologies innovantes comme la blockchain et les systèmes de paiement numérique.
D’autre part, l’administration publique peine à suivre, entravée par des lourdes structures, un manque de coordination entre institutions et une résistance au changement, cette disparité limite l’accès des citoyens aux services numériques et ralentit ainsi une véritable démocratisation numérique.
Malgré les efforts déployés, plusieurs défis systémiques persistent, notamment l’instabilité politique qui freine la mise en œuvre de stratégies numériques, la fragmentation des données et l’absence d’interopérabilité des systèmes administratifs, ainsi que la faiblesse des services digitalisés. Actuellement, seuls 120 services publics sont numérisés sur un total de 3 200.
Un problème majeur demeure la fracture numérique, qui exclut environ un tiers des citoyens tunisiens, en particulier ceux vivant en milieu rural ou ayant une faible littératie numérique, cette situation compromet l’accessibilité et l’équité des initiatives numériques.
Si le numérique a renforcé la liberté d’expression et permis une participation citoyenne informelle via les réseaux sociaux, les mécanismes institutionnels restent largement sous-exploités. L’étude présentée lors du séminaire alerte également sur les risques liés à la manipulation algorithmique, qui accentuent la polarisation des débats et nuisent à un dialogue démocratique sain. Sur le plan de la transparence, des progrès notables ont été réalisés grâce à des initiatives telles que l’accès élargi à l’information, des projets d’open data et des outils comme TUNEPS pour les marchés publics. Toutefois, ces avancées demeurent inégalement réparties et sont freinées par des bases de données mal structurées.
Lors du panel, des experts ont souligné la nécessité d’une approche cohérente et collective pour assurer une transformation numérique efficace. Parmi les priorités identifiées figurent la formation aux compétences numériques afin de réduire l’écart technologique, la mise en place de guichets numériques unifiés pour simplifier l’accès aux services, la protection des données personnelles pour renforcer la confiance des citoyens et l’investissement dans les infrastructures connectées, notamment dans les zones rurales.
Le séminaire a dégagé une conclusion forte : pour réussir, la transformation numérique en Tunisie doit être pensée comme un projet collectif, inclusif et équitable. Ce processus ne relève pas uniquement de la technologie, mais représente une opportunité de refondation démocratique. La Tunisie a aujourd’hui l’occasion de faire de la gouvernance numérique un pilier central de son avenir démocratique. Toutefois, cela nécessitera une forte volonté politique et un engagement collectif. La balle est maintenant dans le camp des décideurs.
Plus de détails sur :https://jamaity.org/publication/impacts-de-la-transformation-numerique-sur-la-transition-democratique-en-tunisie/
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