Bien plus qu’un défi de santé mondiale, la pandémie de COVID-19 est aussi une crise socio-économique qui a soulevé de multiples questions concernant les droits humains et qui a mis à nu de profondes inégalités. Les migrants et demandeurs d’asile sont particulièrement vulnérables… En Tunisie, nombreuses sont les organisations qui leur viennent en aide.
La question de la migration au cœur des préoccupations
Les confinements et les déconfinements progressifs imposés par l’urgence sanitaire et adoptés partout dans le monde ont entraîné des restrictions inédites sur la liberté de mobilité et l’accès aux systèmes d’asile.
En 2021, malgré les restrictions de mouvement et les contrôles frontaliers plus stricts, la Tunisie continue d’être un véritable carrefour pour les mouvements mixtes. Selon les estimations du HCR, le nombre des réfugiés et demandeurs d’asile dans le pays a connu une hausse significative en atteignant près de 8500 personnes jusqu’au mois de juin 2021[1].
Les populations de réfugiés, de demandeurs d’asile et les déplacés internes, désormais plus vulnérables, se sont ainsi trouvées dans l’incapacité d’avoir accès aux informations, aux soins de santé et à d’autres services essentiels.
Ces personnes, principalement celles ayant un statut migratoire irrégulier, rencontrent souvent des difficultés telles que les coûts des prestations, les barrières linguistiques et culturelles, ainsi que les politiques restrictives qui les excluent de l’assistance. « De nombreuses catégories de migrant.e.s ont été discriminées et exclues en raison des complications bureaucratiques de l’enregistrement en raison de leur statut administratif », a déclaré le Forum Tunisien pour les Droits Économiques et Sociaux (FTDES) dans un communiqué publié jeudi 09 août 2021. Le FTDES souligne la responsabilité des autorités tunisiennes face à cette question. Il a aussi lancé un nouvel appel à la présidence afin qu’elle assume sa « responsabilité historique », celle de la mise en place d’un « plan exceptionnel » pour améliorer les situations des migrants en Tunisie.
La poursuite des actions de la société civile
Alors que les cas de Covid-19 se multiplient dans le pays, la situation est encore pire pour les réfugiés qui sont confrontés quotidiennement aux discriminations. Ces épisodes discriminatoires varient en fonction du sexe, de la nationalité, de la culture, de l’appartenance ethnique et d’autres facteurs déterminants. En l’absence de législation nationale en matière d’asile et de migration dans un pays ouvert aux flux migratoires multiples, les organisations locales et internationales ont un rôle déterminant à jouer.
Face à la situation sanitaire exceptionnelle, plusieurs associations ont été obligées d’adapter leur manière de fonctionner et de communiquer. Les équipes de Médecins du Monde Belgique section Tunisie ont continué à assurer à distance leurs services de permanences médicales, sociales et psychologiques. MdM BE Tunisie a aussi participé à l’effort solidaire collectif en proposant des maraudes sanitaires via une clinique mobile. Ces maraudes offrent la possibilité de se rendre auprès des personnes qui ne peuvent pas accéder aux structures de santé publiques pour leur apporter un accompagnement direct et les orienter efficacement.
En plus des services d’assistance, l’association MdM BE Tunisie a développé une composante complémentaire d’appui au renforcement des capacités des acteurs associatifs et institutionnels sur la question des droits des migrants afin d’améliorer les services d’accès aux soins de santé pour ces personnes.
À travers ses « Maisons du Droit et des Migrations » à Tunis et à Sfax, Terre d’asile Tunisie (TAT) assiste, pour sa part, les réfugiés et les demandeurs d’asile et leur fournit une aide sociale et des conseils juridiques personnalisés. En cas de besoin, elle peut également les orienter vers son réseau de partenaires et contacts.
Dans le cadre d’une série de documents sur les moyens d’accompagner les migrants et les informer sur leurs droits, l’association Terre d’Asile Tunisie a aussi lancé, le 02 juillet 2021, ses premières fiches pratiques « Info Droits » sur la thématique de l’asile. Disponible en version française, arabe et anglaise, cette collection de fiches est produite pour divulguer l’information juridique et administrative aux personnes migrantes en Tunisie d’une manière claire, schématisée et orientée vers des solutions pratiques[3]. Pour en savoir plus, consultez l’ensemble des fiches thématiques
Dans la même optique, un webinaire de sensibilisation sera organisé le 12 août 2021 à partir de 14h00 par l’association TAT en partenariat avec la campagne nationale AZIMA, l’Association des Etudiants et Stagiaires Africains de Tunisie (AESAT) et Africain Business Leaders (ABL). Selon la page Facebook dédiée à l’événement, l’objectif est de donner une vision globale sur la situation socio-économique post-COVID des migrants, essentiellement les travailleurs hommes et femmes, et les étudiants et de contribuer à la sensibilisation à la vaccination pour les personnes migrantes de la ville de Sfax.
Les 5 priorités pour une réponse efficace
La crise sanitaire n’a pas été un frein à l’engagement des organisations de la société civile qui continuent de suivre de près l’évolution de la situation. Cependant, en dépit des efforts considérables déployés, on constate un manque de synergie entre les acteurs institutionnels et les différents intervenants.
Pour s’assurer que les actions menées auprès des réfugiés et des personnes migrantes soient efficaces :
- Il faut encourager la coordination entre les autorités et l’ensemble des acteurs de la société civile et organismes pertinents.
- Il est important que les mesures pratiques soient accompagnées par la mise en place d’un plan d’action pour des réponses ciblées aux impacts sanitaires et socio-économiques de la pandémie.
- Les autorités publiques doivent prendre des mesures spécifiques pour inclure les migrants, quel que soit leur statut migratoire, dans les stratégies de veille et de réponse à cette crise.
- Les médias et la société civile doivent diffuser des informations précises et actualisées sur la prévention et le traitement du Covid-19 pour soutenir les efforts de sensibilisation.
- Il faut s’assurer que le changement soit durable en élaborant un plaidoyer pour réviser le cadre juridique tunisien et promouvoir une migration « organisée, respectueuse et protectrice des droits des migrants ».
[1] https://data2.unhcr.org/fr/country/tun
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