La Commission pour les Libertés Individuelles et l’Egalité (COLIBE) a mis au public son rapport d’activité, après l’avoir présenté au président de la république au début du mois.
Créée en août 2017, la commission a proposé à travers ce rapport des réformes et des mesures qui concernent les libertés individuelles et l’égalité, en s’alignant ainsi aux dispositions de la constitution 2014 et aux conventions et normes internationales des droits de l’homme. Suivant une démarche participative et de dialogue, la commission a réunit des juristes et a fait appel aux experts et aux différentes organisations de la société civile et partis politiques pour développer l’argumentaire et les propositions de réformes.
Afin d’appuyer la démocratie post révolution et d’appuyer la protection et le respect de droits humains , la COLIBE traite dans son rapport des sujets et des questions timidement abordés dans les textes de loi actuels, essayant ainsi de changer les jugements et d’en finir avec les tabous qui règnent dans notre société, ce qui est susceptible d’initier ainsi un grand et vrai débat citoyen et de réveiller la conscience des tunisiens.
En effet, on trouve dans le rapport un ensemble de recommandations qui proposent d’abolir la peine de mort (ou la maintenir seulement pour des crimes majeures), de dépénaliser l’homosexualité et de bannir les tests anaux, d’imposer le respect des droits individuels en annulant la circulaire portant sur la fermeture des cafés pendant le mois de ramadan, d’établir l’égalité en héritage, mais aussi l’égalité entre les enfants légitimes et les enfants naturels, ainsi que l’égalité entre les parents concernant la tutelle et la garde de leur enfant… D’autres mesures sont aussi proposées, et traitent les distinctions entre les musulmans et non-musulmans dans les lois, l’atteinte à la liberté de conscience au nom du sacré, le mariage et le divorce..
Evidemment, les réactions n’ont pas tardé à se faire entendre. Plusieurs ont jugé le rapport progressiste, et ont salué l’initiative: Le collectif pour les Libertés Individuelles qui réunit plusieurs organisations de la société civile, a exprimé dans un communiqué son soutien au rapport et à ses propositions “pertinentes pour la consolidation de la démocratie”. Néanmoins, il a remarqué que quelques autres orientations “remettent en cause le caractère indivisible et absolu des droits de la personne”. Il a appelé en conclusion tous les acteurs à se mobiliser et mettre en oeuvre toutes les mesures nécessaires pour la réalisation des différentes recommandations de la COLIBE.
Une réalisation difficile, ou qui peut être freinée dans l’immédiat, car des propositions avec une telle ampleur, ne peuvent pas être mises en vigueur rapidement. En effet, la commission recommande une concrétisation progressive du rapport pour une meilleure introduction de ses nouvelles mesures dans notre société, en partie conservatrice. D’ailleurs, des associations religieuses membres de la Coordination Nationale pour Défendre le Coran et la Constitution ont exprimé leur désapprobation du rapport de la COLIBE, et l’ont accusé de porter atteinte aux principes de l’identité arabo-musulmane du peuple tunisien, prétexte utilisé souvent contre toute initiative d’évolution et de construction d’un nouveau modèle de notre société.
Le rapport de la Commission des libertés individuelles et de l’égalité Colibe est visible à travers ce lien.
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