Du 24 au 26 mai 2016 ont été organisées les journées de l’Europe, au Palais des Congrès de Tunis à l’occasion des 40 ans de coopération entre l’Union Européenne et la Tunisie depuis 1976. Cet événement a eu pour but de viser à mieux faire connaître ce partenariat, son ambition, ses projets, ses réalisations, et son impact, tout particulièrement depuis 2011, dans une période de transition démocratique majeure en Tunisie.
A travers plusieurs centaines de projets, l’Union Européenne et ses États membres interviennent dans tous les domaines du développement, en participant au renforcement de l’État et à l’émergence d’une société civile active et responsable.
Durant ces 3 jours de promotion de la coopération Tuniso-Européenne, ce sont tenus différents panels, dont le panel du jeudi 26 mai intitulé “La société civile, actrice et promotrice de changement”, avec comme panélistes présents SEM Kamel Jendoubi : Ministre chargé des relations avec les Instances constitutionnelles et la société civile et des droits de l’homme, SEM Hamish Cowell : Ambassadeur du Royaume-Uni en Tunisie, Mme Lilia Rebaï : Directrice du bureau Tunisie Euro Med, Droits de l’Homme, Nour Kaabi : Coordinatrice de Jamaity, M. Boubaker Houmane : Président de l’association RANDET, M. Jawhar Ben Mbarek : Coordinateur général du mouvement citoyen Doustourna, Mme Saïda Garrach : Conseillère à la Présidence de la République, chargée de la société civile et M. Achref Aouadi : Président de l’ONG I Watch, avec comme modérateur M. Salim Ben Hassen, Consultant.
Les acteurs de la société civile étaient également présents afin de participer et animer ce débat présentant de vifs intérêts et préoccupations pour chacun d’entre eux.
Dans cette phase de transition démocratique, il a été rappelé à plusieurs reprises comment le pays fait figure d’exception dans le Monde Arabe, notamment en établissant un constat des situations critiques que connaissent d’autres pays comme la Libye, la Syrie, ou encore l’Égypte après le printemps Arabe. La société civile Tunisienne présente de nombreux enjeux et défis à relever et se trouve actuellement être un atout maître de cette construction démocratique. Que ce soit la société civile sous l’ère de la dictature, et l’actuelle société civile, toutes deux comportent des acteurs actifs et présents sur la scène nationale afin de permettre à cette transition post révolutionnaire d’évoluer de manière bénéfique.
Néanmoins, cette société civile présente des équilibres fragiles et instables, et manque de renforcement dans beaucoup de ces actions, notamment dans le domaine associatif. A l’heure actuelle, 18 738 associations sont officiellement recensées en Tunisie selon IFEDA en Mai 2016, et pas plus de 3000 d’entre elles sont actives.
Selon Nour Kaabi, le paysage associatif est très hétérogène et présente des modes de fonctionnement très diversifiés selon les régions, de ce fait, il est très difficile de mettre en place une stratégie effective d’action à l’échelle nationale.
Le problème des associations unipersonnelles à également été évoqué, ce mode de fonctionnement empêchant les transferts de compétences, et de connaissances.
Le problème de la mauvaise connaissance du milieu juridique par les associations et les lourdes procédures administratives auxquelles elles sont confrontées au quotidien, celles-ci étant dignes de procédures purement commerciales, ne sont pas adaptés du tout au milieu associatif et engendrent l’éloignement de certaines associations du système. Les enjeux de développement, politiques, de professionnalisation et de coordination sont donc majeurs.
Cette société en transition présente donc deux enjeux, remis en question à de nombreuses reprises durant ce panel : la question de la réforme constitutionnelle, et comment celle-ci est perçue par les citoyens, ainsi que la question sécuritaire, minée notamment par le terrorisme.
Au sein des acteurs de la société civile, de nombreuses critiques et mécontentements ont été exprimés au sujet de ces enjeux complexes et nombreux qui peinent à évoluer dans un contexte politico-économique très fragile, et le constat d’un grand nombre d’associations utilisant leur statut à des fins politiques et économiques à été soulevé. De plus, le manque de stratégie claire et de fonctionnement dit transparent, notamment avec le gouvernement, est un constat général pour les acteurs de la société civile. Pour conclure, M. Jawhar Ben Mbarek a justement insisté sur l’importance de développer le savoir et de conceptualiser la société civile, en réfléchissant avant d’agir.
Organismes concernés
Voila ce que les autres utilisateurs ont pensé de cet article