Dans le cadre de leur partenariat, le CREDIF et l’UNESCO -secteur des Sciences Sociales et Humaines – ont organisé les premières ” Assises du Genre” en Tunisie. Ces assises s’inscrivent dans le cadre de la campagne ” 16jours d’activisme contre la violence fondée sur le genre” lancée par les Nations Unies à travers le monde. Elles avaient pour premier objectif de faire le point sur l’existant en matière de recherches et formations dans le domaine du genre en Tunisie, et d’envisager les actions à mettre en place pour que les universités exercent leur responsabilité sociale, en contribuant efficacement à réaliser la culture de l’égalité, au sein de la société tunisienne. Le second objectif est de chercher la pertinence et la signification de ce qui a été accompli et dans quel sens il faudra orienter ces recherches et formuler des propositions pour l’avenir, fondées sur un diagnostic solide et participatif. Le but ultime étant de structurer la recherche et les formations sur le genre en Tunisie.
Dans le cadre de ces assises, un rapport réalisé par le CREDIF avec le soutien de l’UNESCO, a été généré : ” Rapport de l’état des lieux des études, des recherches et de la formation en genre en Tunisie”. Ce rapport élaboré avec la collaboration de Mme Khedija Ben Hssinetire quelques conclusions assez importantes en voici un résumé :
– les études de genre restent le fait de quelques universitaires militantes malgré une prise de conscience de l’importance du problème.
– l’approche genre qui est considérée par certains comme un luxe pourrait être un outil de compréhension de la société arabo-muslmane et de la condition de la femme.
– il faut combler le manque entre le besoin de la société et les institutions d’une part et la production de l’université d’autre part. Les études ne se contenteraient plus d’apporter un savoir mais elles serviraient à améliorer les droits des femmes dans la société.
Le rapport a également abouti à un nombre de recommandations dont voici un résumé :
– introduire la question du genre dans l’enseignement primaire et secondaire, un cours similaire à celui des droits de l’Homme.
– un travail de sensibilisation à la question du genre aussi bien pour les enseignants que pour les élèves et étudiants.
– créer un master, une unité ou un laboratoire de recherches pour le genre où les recherches se font d’une manière autonome.
– mettre en place un master de recherche ou professionnel pluridisciplinaire et polyvalent entre deux ou trois institutions.
Selon différents témoignages, il y aurait de la résistance au genre. Amel Grami déclare à ce propos : ” on ne doit pas se poser la question si on doit parler du genre mais comment parler de genre à des étudiants qui, pour la plupart, n’ont jamais réfléchi à leu condition féminine ou masculine, à une génération qui a grandi exposée aux chaînes qui propagent l’islamisme radical, qui interprètent tout écart par rapport à ce qu’elles ont fini par prendre pour la vérité, comme une guerre contre l’islam? Cela ajouté au refus psychologique de tout ce qui les renvoie sur les rapports de sexe. Normal qu’ils ne soient pas à l’aise quand on leur propose un enseignement sur les rapports sociaux de sexe (genre), il y a une résistance, un embarras et une phobie de toute remise en question des rapports conventionnels et établis des sexes”.
Il semblerait donc, suite à ces assises, nécessaire de rompre avec l’événementialité et la périodicité quant au traitement de la problématique du genre. Il Faudrait mettre en place des organisations pérennes pour le recueil de données et la construction d’indicateurs pertinents en ce qui concerne les questions de genre.
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