S’est tenue le second samedi du mois d’octobre, dans l’enceinte de la bibliothèque nationale, une rencontre-débat organisée par l’association Beity et le Global Studies Institute de l’université de Genève. Cette table-ronde qui a rassemblé une vingtaine d’intervenants agissant au sein de la société civile dans des domaines variés, fût intitulée “La société civile cinq ans après la révolution”.
Il est indéniable que la société civile a joué un rôle majeur tout au long de la période transitionnelle sur les plans politique, social et juridique. En effet, sa mobilisation a été remarquable durant tous les événements illustres qui ont suivi la révolution, notamment la participation aux négociations et dialogues qui ont donné lieu aux gouvernements post-révolution et ce, jusqu’aux élections législatives de 2011, la participation aux dialogues nationaux, la participation à l’élaboration de certains projets-lois entre autres celui de la justice transitionnelle ainsi que la mobilisation pour la “constitutionnalisation” de certains principes tels que la parité et l’égalité homme-femme et de certains droits relatifs aux catégories vulnérables. Elle a même contribué à la réforme de certains médias.
La société civile agit aujourd’hui de manière plus structurée dans le sens où elle encadre tous les aspects sociétaux de la nouvelle Tunisie; en effet, elle cherche à former les jeunes en matière de droits et de libertés, aide à la création de projets sans précédents qui garantissent transparence et démocratie, organise des rencontres-débats, conférences etc.
Ont participé à la table ronde
Des sociologues universitaires, des journalistes, des militants et représentants des organismes de la société civile à savoir de L’association Beity, l’ATFD, l’AFTURD, Amal pour la mère et l’enfant, Terre d’asile section Tunisie, l’association tunisienne de lutte contre le cancer, Groupe Tawhida pour la santé des femmes, le centre pour l’éducation civique, l’observatoire du forum social, Lab’ess, Atide, Mourakiboun, Ntalbek w Nhassbek de Dostourna, l’association de recherche sur les transitions démocratiques, l’ADLI et la FIDH ont été présents afin d’évaluer ensemble le fruit de ces cinq années de travail qui suivirent la révolution, de partager les difficultés et les obstacles qu’ils rencontrent, d’approfondir leurs connaissances les-uns des autres et de réfléchir aux défis stratégiques, économiques, sociaux et politiques qui se présentent à eux . Au cours de cette table ronde, plusieurs sujets ont été abordés et maintes problématiques ont été soulevées:
- La marginalisation des jeunes.
- Les violences et l’exclusion contre les femmes.
- La question migratoire.
- La santé et la justice sociale
- La consultation électorale.
- Le fonctionnement des institutions.
- Les droits et libertés.
- L’espace public et la sphère médiatique.
Les participants ont échangé sur les difficultés et obstacles qu’ils rencontrent quotidiennement et qui tournent autour du financement, du régime d’imposition fiscale, des amalgames par rapport au rôle de l’Etat, du manque de coordination entre les organisations de la société civile et du désintérêt de la jeunesse du travail bénévole.
Selon une étude réalisée par l’Association Tunisienne de Défense des Libertés Individuelles “ADLI” sur le travail associatif en Tunisie de 2011 à 2014 sur 120 associations, Les besoins immédiats sont:
- L’encadrement et la formation dans le domaine de la gestion,
- Le soutien financier,
- Trouver une bonne stratégie de travail,
- La mise en oeuvre des lois relatives aux associations.
Perspectives et plans d’action:
Pour résumer, les acteurs de la société civile présents se sont mis d’accord sur un nombre de perspectives et de plans d’action pour les années à venir, à savoir:
- Contrer tout ce qui tend à segmenter la société.
- Élaborer en tant que société civile une stratégie collective qui se concentre sur les problèmes des jeunes et sur leur marginalisation due:
1. Au système éducatif qui se base, selon Mr Amara Ben Romdhane du centre pour l’éducation civique SDEC, sur les vérités absolues, le conflit de valeurs et le discours paradoxal. Selon lui, l’école est une institution sectorielle dont les programmes archaïques reflètent la politique de l’Etat et des experts et les besoins de la société et qui rejette par la suite les visions et les intérêts de la jeunesse.
2. Au vieillissement des élites au sein de la société civile et la mise en quarantaine des jeunes qu’on trouve rarement dans les postes de commande.
3. Au désintérêt de la société civile vis-à-vis des problèmes de la jeunesse durant l’ère Ben Ali vu qu’elle se concentrait sur le combat contre la dictature.
- Encadrer sérieusement le domaine de l’enseignement et combattre l’abandon scolaire.
- Sensibiliser les jeunes quant aux services de santé sexuelle et reproductive et les catégories marginalisées quant à leurs droits et s’adonner à des thématiques dites tabous telles que l’IVG, l’homosexualité, le statut des mères-célibataires, etc.
- Fonder ses revendications sur la technique du plaidoyer dans le but de convaincre, pour que ses actions ne soient pas une mauvaise reproduction du travail syndical.
- La revendication des cadres juridiques nécessaires à l’activité des acteurs de la société civile pour qu’ils parviennent à atteindre les objectifs qu’ils s’étaient fixés en toute légalité.
- Continuer à faire du monitoring en ce qui concerne le respect des droits humains. En effet, l’Etat doit respecter les libertés fondamentales telles que la libre circulation des individus.
- Promouvoir le réseautage entre les acteurs de la société civile. En effet, selon l’étude faite par l’ADLI, uniquement 48 réseaux ont vu le jour à partir de 2011 sur 7500 associations créées depuis la révolution.
- Rester vigilant par rapport au financement extérieur et à la possibilité de se faire dicter son agenda.
- Revoir la question du financement public et le régime fiscal applicable aux associations.
- Avoir plus d’implication dans le domaine de la justice sociale.
- Changer de méthode de travail vu que le contexte actuel est différent de celui qui a précédé la révolution.
- La nécessité pour chacun des acteurs de s’auto-évaluer en premier lieu et puis d’évaluer le travail de la société civile durant les cinq années qui ont suivi la révolution de manière générale.
Cependant, malgré le rôle crucial de contre-pouvoir qui a été joué par la société civile et qui lui a fait mériter le prix Nobel de la paix, il est nécessaire de noter qu’un nombre énorme d’associations religieuses et autres partisanes ont aussi été créées depuis 2011, ainsi que d’autres qui ont même été soupçonnées de financer le terrorisme. Une sérieuse enquête doit s’ouvrir quant à ces sujets.
معرض
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