La révolution tunisienne a permis l’essor des initiatives en faveur du développement de la société civile, cela dit il est important d’apporter de l’homogénéité et de la coordination dans ces mouvements.
Le programme des nations unies pour le développement (PNUD) a donc engagé un processus consultatif avec de nombreux partenaires en vue de dresser un état des lieux de la situation actuelle et de formuler une ligne directrice pour les perspectives d’avenir.
Dans cette optique, 16 conférences regroupant des acteurs issus des 24 gouvernorats du pays ont été organisées. Cette démarche s’est déroulée au cours des mois de novembre et décembre 2013. Un rapport complet, terminé en Mars 2015 et adressé aux décideurs publics, à l’ensemble des organisations de la société civile ainsi qu’aux partenaires techniques et financiers œuvrant en Tunisie a été dressé suite à ces consultations. Les grandes lignes de ce dernier vont être synthétisées dans cet article, dans le but de le rendre abordable au plus grand nombre.
Des participants de milieux divers
Le PNUD a tenté de convier un échantillon pertinent de chaque acteur ayant un impact sur le développement de la société civile. Quatre catégories sont dégagées :
- Les médias
- Les autorités religieuses (importantes au niveau local et régional)
- Les organisations de la société civiles
- Les personnalités locales
Une trentaine d’universitaires de différentes spécialités étaient également présents pour orienter et accompagner les participants dans les discussions.
Plusieurs thématiques abordées
Pour définir le cadre des discussions, le PNUD s’est adressé à 1100 jeunes pour connaître leurs attentes concernant la transition démocratique en Tunisie. Les huit sujets les plus importants selon eux sont :
- L’emploi
- Les disparités régionales
- Le rôle de la femme dans la transition démocratique
- Le rôle des jeunes dans la transition démocratique
- La sécurité
- La lutte contre la corruption
- La violence politique
- L’environnement
Recommandations et mesures envisagées
Ces dernières vont être abordées ici, pour chacune des thématiques qui ont guidé les discussions.
Concernant l’emploi, les demandes portaient sur:
- Plus de sensibilisation des hommes d’affaire à investir au niveau local et régional, de formation des demandeurs d’emploi et d’accompagnement dans les recherches.
- Une dynamisation de la créativité et le lancement de projets en développant un plus grand soutien des projets dans les communes rurales
- Une plus grande plaidoirie auprès des autorités pour améliorer la politique de l’emploi
- Une adaptation des formations et des diplômes aux besoins du marché de l’emploi
Concernant les disparités régionales, les demandes portaient sur :
- Une plus grande activité de promotion (favoriser une approche régionale des questions de développement, mise en place d’une « discrimination positive » en faveur des régions défavorisées etc.)
- Développer les activités de contrôle, de veille et de collectes de données.
Concernant le rôle des femmes dans participation à la transition démocratique, les demandes portaient sur
- L’information, la formation et la sensibilisation des femmes vis-à-vis de leurs droits
- Le renforcement des cadres administratifs et législatifs
- La mobilisation et l’appui de la société civile
- L’insertion des femmes dans la vie politique
- L’accompagnement et l’encadrement des femmes vulnérables
- Le réaménagement du cadre socioprofessionnel de la femme active
Concernant le rôle des jeunes dans la participation à la transition démocratique, les demandes portaient sur :
- La sensibilisation, la formation et l’encadrement
- La révision des systèmes éducatif et législatif, ainsi que des réformes des politiques publiques
- L’implication effective des jeunes dans la prise de décision
- Une communication plus importante et ciblée
- Le renforcement et l’élargissement de la représentativité et de l’implication des jeunes
- La dynamisation des structures culturelles.
Concernant la sécurité, les demandes portaient sur :
- La formation et la sensibilisation des citoyens
- La mise en place d’un cadre propice à l’échange entre police et citoyens
- La prévention et le traitement en matière de « radicalisation »
Concernant la lutte contre la corruption, les demandes portaient sur :
- Le développement de la réglementation et des mécanismes de contrôle
- Le renforcement du rôle des associations dans la lutte contre la corruption
- La sensibilisation autour de la lutte contre la corruption et du rôle des médias
- La garantie de la neutralité politique de l’administration et des associations
Concernant la violence politique, les demandes portaient sur :
- La sensibilisation et la formation en faveur de la société civile et des partis politiques en matière de communication non-violente, résolution pacifique des conflits, sciences politiques, droits de l’homme et citoyenneté
- La mise en place d’espaces propices aux échanges en dehors de l’arène politique
- La veille et le contrôle de la part des citoyens (par le biais de formations à l’école, les maisons de jeunes etc.)
Concernant l’environnement, les demandes portaient sur :
- La sensibilisation, l’éducation et la mobilisation (par le biais de vulgarisation et multiplication de pratiques “écoresponsables”)
- Le contrôle et la mise en place de pressions, notamment au niveau des autorités étatiques, avec la mise en place de mesures protégeant l’environnement
- La mise en place de mesures alternatives, telles que le tri sélectif, la création d’emplois en matière d’environnement etc.
Le but de ce rapport est, au-delà d’un bilan de la situation actuelle et des perspectives, est de sensibiliser les décideurs publics les partenaires techniques et financiers quant à leurs prises de décisions. Le but étant la conception de politiques efficaces accompagnées d’un suivi. En développant la concertation et la participation des différents acteurs sociétaux, il est possible de dynamiser et améliorer le processus de transition démocratique mis en place depuis la révolution.
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